dimanche 19 novembre 2017

Note d’opinion : le harcèlement sexuel

À propos du harcèlement sexuel

L’explosion actuelle de témoignages relatifs au harcèlement sexuel donne lieu en ce moment à bien des commentaires. On y dénonce la perpétuation de pratiques dominatrices, traumatisantes et inadmissibles ; on s’y inquiète aussi de la vague de délations et de néo-puritanisme qu’elles suscitent. Il me semble que, dans tout cela, on se préoccupe peu de l’origine première du problème. Le seul article qui m’a paru laisser une place à cet aspect des choses est celui que Nancy Houston a publié le 31 octobre dernier dans le journal Le Monde (1). Je vais y revenir.

En fait, cette question me parait devoir être abordée par ses aspects anthropologiques. Que représente la sexualité dans le fonctionnement des sociétés humaines et dans le comportement des humains ? Dans quelles limites a-t-on souhaité contenir les pulsions sexuelles selon les sociétés et les époques ? Que signifient les multiples usages qui ont guidé et guident encore les rapports sexuels et toutes les approches qu’ils supposent le plus souvent ? Le domaine est bien sûr si vaste qu’il exigerait d’être longuement et rigoureusement exploré, en commençant notamment par les importantes et multiples recherches auxquelles il a déjà donné lieu. En la circonstance, afin d’en venir sans détour à ce qui me paraît essentiel, je voudrais me dispenser de revenir sur ces éclairages que l’on doit à la recherche. Pour qui voudrait mesurer leur importance, je renvoie à ma note du 21 janvier 2003 dans laquelle j’en donne très brièvement quelques exemples (2).

Partons de l’idée que les humains sont des animaux, des animaux porteurs de caractéristiques très spécifiques, mais des animaux quand même. Ils sont donc guidés par des instincts, ce qui signifie que leur comportement doit quelque chose à des consignes non apprises, inscrites dans leur héritage génétique. Il me paraît important de ne pas attribuer à cette composante du comportement une importance exagérée, car celui-ci est également dominé par des déterminations inculquées d’une manière ou d’une autre par le monde social. Ce qui revient à dire que les causes non conscientes du comportement - innées ou acquises, instinctives ou culturelles - sont inextricablement liées aux raisons que - fût-ce illusoirement - l’humain se donne d’agir. Mais il reste que la dimension instinctive est à prendre en considération, notamment en ce qu’elle pousse l’humain dans son comportement d’une manière homologue à ce qu’elle provoque chez les animaux.

Cette assimilation fait fi, bien évidemment, des aspects culturels du problème. Si ce n’est qu’il faut constater que, parmi les animaux, les rapports de pouvoir et de domination entre les sexes se révèlent variés, complexes et même inventifs. Et il serait sans doute hardi de prétendre qu’ils sont ce qu’ils sont parce qu’ils visent exclusivement à satisfaire le désir de reproduction et de conservation de l’espèce.

Ce qui mérite de retenir l’attention, c’est l’aspect différencié du comportement des femelles et des mâles. Car il serait vraiment intéressant de déterminer ce qui, dans cette différenciation, doit quelque chose à l’hérédité et à l’instinct et ce qui relève d’apprentissages et usages, voire du contexte et de l’événement dans sa singularité. Et lorsqu’on envisage la même question à propos des humains, la complexité grandit encore, puisque l’influence culturelle, et par dessus tout les conséquences d’une pensée qui interprète les actes, brouillent la signification profonde des rapports entre les sexes.

Françoise Héritier a disparu ce 15 novembre 2017. Elle avait beaucoup tenté d’élucider ce qui sépare et uni le masculin et le féminin, et elle l’avait fait sans sacrifier à l’air du temps qui voudrait souvent que l’on nie les différences par souci d’égalité (comme lorsqu’on prétend que l’homme et la femme sont totalement pareils) ou que l’on n’accepte celles-ci que sous la forme d’un choix librement réalisé (comme certains adeptes de la théorie du genre l’envisage). Elle pensait que c’est précisément en mesurant bien ce qui différencie les rôles que l’on peut œuvrer à réduire la domination d’un sexe sur l’autre. C’est pour cela qu’elle accordait une très grande importance à l’autonomie de la femme dans le domaine de la sexualité. En 2002, elle écrivait ainsi :
« Quelque chose s’est passé, d’essentiel, dans le monde occidental ces dernières décennies, qui risque de modifier considérablement non seulement les rapports sociaux de sexe qui sont marqués par la domination de l’un sur l’autre mais, à plus long terme et plus profondément, les représentations mentales qui accompagnaient ces rapports et donnaient l’illusion à la fois d’en être le fondement et de les légitimer. Il s’agit du droit à la contraception qui a été accordé aux femmes, en France, par la loi Neuwirth en 1967. Pourquoi accorder à ce droit une importance majeure ? En premier lieu parce qu’il reconnaît ainsi que les femmes ont le droit de disposer d’elles-mêmes et de leur corps. Ce simple droit : disposer de soi-même en disposant de son corps et de l’usage procréatif qui peut en être fait, est la marque élémentaire de l’autonomie qui est propre au statut juridique de personne. Il est intéressant de noter que c’est deux ans auparavant seulement, en 1965, que la loi avait reconnu à toute femme mariée le droit d’avoir une activité professionnelle sans recourir à l’autorisation de son mari. Si j’accorde à la loi Neuwirth une importance plus grande qu’à celle-ci, qui reconnaît pourtant également aux femmes le droit de décider de l’occupation de leur temps par une activité professionnelle ou non, c’est pour une deuxième raison. En effet, si l’on suit mes hypothèses, hiérarchie et domination d’un sexe sur l’autre sont liées au fait que les femmes ont le privilège, incompréhensible intellectuellement aux aubes de l’humanité et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, non seulement de se reproduire à l’identique mais de produire le différent d’elles-mêmes : les fils des hommes. Des systèmes de représentation de la procréation donnant le rôle essentiel à l’homme puis des systèmes sociaux de répartition des femmes comme épouses et futures mères entre les hommes sont venus à la fois déposséder les femmes de ce privilège et les assigner à ce rôle exclusif. Si telle est bien notre histoire passée de l’humanité, presque en même temps que s’est ouverte devant nos yeux l’intelligence du rôle équitable des deux cellules sexuelles dans la procréation, les lois donnant aux femmes les moyens de régler leur fécondité suppriment définitivement cette unique assignation à la maternité et au domestique qui a été le rôle des femmes dans les esprits comme dans les faits jusqu’à cette seconde partie du XXe siècle. Le droit à la contraception est donc le grand levier historique de changement dans la vie et le statut des femmes et dans les représentations qui les concernent. » (3)

L’incompréhension originaire de la capacité qu’ont les femmes à engendrer le différent, c’est-à-dire des garçons, a-t-elle eu cet effet à ce point déterminant sur la domination masculine ? Il y a, me semble-t-il, dans ce que Françoise Héritier ne cessa jamais d’appeler une hypothèse, un effort pour échapper aux explications dont le simplisme assure, fût-ce inconsciemment, la pérennité de cette domination. Dans un ouvrage de 2009, elle revenait une nouvelle fois sur cette hypothèse en ces termes :
« On a donné bien des explications pour justifier la domination masculine : la nature sui generis des femmes, leur fragilité due aux grossesses, la violence des hommes. À mes yeux, elle tient au fait que les hommes ont dû s’approprier le corps des femmes parce qu’elles faisaient des fils. Remontons à des observations essentielles faites par l’humanité à ses débuts : il faut des rapports sexuels pour que les femmes mettent au monde des enfants (c’est une erreur de croire que des sociétés l’aient ignoré). Les femmes font des enfants des deux sexes. Dans l’ignorance des gamètes, ovules, spermatozoïdes, ce privilège exorbitant est incompréhensible et aiguise la curiosité : pourquoi les femmes ont-elles la capacité de faire, dans leur corps, aussi bien leur semblable, des filles, que du différent, des garçons ? Comme je l’ai déjà dit, c’est l’incapacité des hommes à reproduire directement leur semblable qui est à la base des dépossessions dont ont été victimes les femmes. » (4)

Personnellement, malgré toute l’admiration que j’éprouve envers l’œuvre de Françoise Héritier, je ne suis pas totalement convaincu de la validité de l’hypothèse. Et cela, principalement, parce qu’il y a d’autres différences qui ont pu participer à la fortification du règne masculin. Je pense notamment aux spécificités de la sexualité masculine par rapport à la sexualité féminine. Et c’est là que je reviens à l’article de Nancy Houston.

Ai-je besoin de dire qu’il ne s’agit évidemment pas de trouver la moindre excuse à ceux qui se seraient livrés aux actes aujourd’hui dénoncés ? Mais l’opprobre ne dispense pas d’expliquer. Tout comme il n’y a aucune complicité implicite dans le fait de tenter d’expliquer ce qui pousse les terroristes djihadistes à agir, il n’y en a pas davantage à rechercher ce que la combinaison entre des pouvoirs - voire simplement des circonstances - et des pulsions propres aux mâles est de nature à encourager subtilement.

Usant d’une rhétorique directe, sans le moindre chichi dirais-je, Nancy Houston s’interroge sur « le fait que la bandaison de papa ça ne se commande pas ». Et de poursuivre :
« À la vue d’une partenaire sexuelle potentielle, les jeunes mâles de notre espèce comme de toutes les espèces mammifères ont une érection involontaire. Mais voici le hic : étant une espèce fabulatrice programmée pour tout interpréter, nous percevons chaque événement comme l’effet d’une volonté. Un garçon qui bande en voyant une jolie fille estime que c’est la faute de celle-ci ; qu’“elle l’a bien cherché” en se donnant cette apparence-là. De son côté, la fille - qui, elle, n’a jamais fait l’expérience d’une érection - pense que si le garçon donne libre cours à son désir il en est à cent pour cent responsable, donc blâmable. Le malentendu serait comique s’il ne causait tant de souffrances.
L’érection est le principal problème de l’humanité depuis la nuit des temps. Toutes les religions ont su qu’il était indispensable de la gérer. Chez les monothéistes, la plupart des commandements ne concernent au fond que les garçons : attention, leur avertissent-ils, ne suivez pas votre queue. Les sociétés laïques, soucieuses de liberté, d’égalité et de fraternité, ont négligé de réfléchir là-dessus. Tout en se félicitant des progrès des sciences, elles ont préféré ne pas tenir compte de leurs résultats.
En France aujourd’hui, à force d’ignorer l’animalité (tout en accablant le porc innocent de nos… travers à nous) et de réfléchir exclusivement en termes de pouvoir, de domination, de construction et de mythe, ceux qui analysent le harcèlement sexuel finissent par le rendre incompréhensible. Obnubilés par notre étoile polaire le libre arbitre, certains de pouvoir tout choisir et décider de façon individuelle, on oublie que la sexualité est liée à la survie. Imagine-t-on analyser les pratiques humaines en matière de nourriture sans tenir compte du fait qu’on a besoin de manger pour rester en vie ?
 »

Assurément, tout cela est dit de manière assez carrée ; le billet est d’humeur. Pourtant, il me paraît opportun de rappeler que la sexualité est généralement enfermée dans des règles sociales et que la liberté dont on a pu prétendre la faire bénéficier (je pense aux années 60 et 70) est très illusoire et débouche sur des comportements également stéréotypés, donc contraignants, sans pour autant résoudre la difficulté que représente l’accès à ce que l’on crut bon parfois d’appeler une sexualité épanouie. De rappeler aussi que la sexualité masculine et la sexualité féminine n’obéissent pas à des pulsions calibrées de manière identique et que - pour le dire en visant l’animalité en général, animalité à laquelle l’humanité participe - l’urgence ressentie par les mâles n’a pas toujours d’équivalent chez les femelles. Mais je vais laisser Nancy Houston achever son propos :
« […] tout en parlant liberté, nous avons instauré le double bind comme norme souriante. D’une main, on encourage les femmes à être sujets ; de l’autre, on les pousse de mille manières à se transformer en objets (et elles obtempèrent, hélas, dans les deux sens). D’un côté, on incite les hommes à bander en affichant partout de sublimes jeunes femmes super-sexy en petite tenue ; de l’autre, on leur intime l’ordre de ne pas donner suite à leur émoi.
Notre société est “allumeuse”.
Oui, notre société est “allumeuse” à un point sans précédent dans l’Histoire… et le plus drôle c’est qu’on ne s’en aperçoit même pas ! Les industries du cinéma, de la publicité, des jeux vidéo, des armes à feu, de la beauté, de la pornographie, du régime, etc., manipulent nos désirs et besoins innés (celui des filles d’être belles et celui des garçons d’être forts) et les transforment en addictions. Elles renforcent et reconduisent des clichés qui nous touchent aux tripes pour la bonne raison qu’ils viennent du fond des âges, du fond de la jungle, et que deux petits siècles de concepts “généreux” ne suffisent pas pour défaire des dizaines de millénaires d’évolution. Elles déclarent aux habitants de toutes les villes du monde : Regardez, hein ? ça fait envie, n’est-ce pas ? Pourquoi ce ne serait pas pour vous aussi ? Et ça marche, excitant un désir diffus : indéfiniment frustré, donc renouvelable : Ah ! on peut être un mec comme ça ! une fille comme ça ! il suffit de… Et quand les hommes ont un geste déplacé (que n’auraient pas eu leur père ou leur grand-père, “inhibés” par les commandements religieux et le regard des proches), on leur tombe dessus : Mais enfin ! de quel droit… ?
En clair, en ôtant les freins posés au désir masculin par les structures religieuses “surannées” pour les remplacer par le laisser-faire économique, on n’a pas fait grand-chose d’autre que de démocratiser le droit de cuissage.
Ainsi, même si nous aimons nous pavaner devant le reste du monde en se vantant de notre liberté et en leur reprochant leurs mœurs répressives, nous ne sommes pas libres : ni les filles ni les garçons ; il faut le savoir. La seule chose libre là-dedans, c’est le marché. Il n’est probablement pas très utile de repenser l’éducation sans repenser en même temps la société de consommation, sans critiquer l’instrumentalisation du corps (masculin ou féminin) dans le but de vendre des produits, sans mettre des limites sévères à la tendance qu’ont les mâles alpha à s’arroger éhontément, non seulement les fesses des femelles, mais les ressources de la planète.
 »

En lisant Nancy Houston, je ne puis m’empêcher de repenser à cette contradiction première dans laquelle s’enferma la fin du XVIIIe siècle, qui d’une côté magnifia des idéaux d’égalité et qui de l’autre construisit la logique du laisse-faire économique. Non seulement les humains ne sont nullement libres de leurs choix dès lors qu’ils obéissent à des déterminations qu’ils ignorent, mais encore le sont-ils d’autant moins que ce qui semble leur être offert dans ce qui pourrait être regardé comme une marge de manoeuvre ne fait que renforcer la méconnaissance des conditions dans lesquelles l’incitation sournoise à pencher vers tel ou tel acte se dissimule dans une offre de consommation qui garde les apparences d’une profusion disponible et d’une liberté accordée.

La femme et l’homme sont différents ; leurs sexualités le sont tout autant. C’est probablement ce qui rend malaisée la construction d’un couple. C’est peut-être aussi, parmi d’autres, une des raisons qui incline certains à une homosexualité au sein de laquelle les difficultés liées à ces différences sont évitées, ou plus précisément au sein de laquelle ils trouvent une forme de jeu sexuel qui conjugue souvent des plaisirs analogues.

Il me semble important de distinguer clairement la position de domination qui permet à certains hommes d’imposer leur volonté, y compris lorsque celle-ci n’est en rien compatible avec la morale la plus partagée, des contraintes sexuelles proprement dites, lesquelles peuvent surgir dans des situations exemptes de domination ou en tout cas au cours desquelles la domination est quelquefois très fugace. La domination n’est pas uniquement mise au service des appétits sexuels ; elle représente un phénomène très général et très ancien - qui remonte au moins au néolithique - et sur lequel La Boétie déjà s’était longuement interrogé, notamment au départ de ce constat qu’elle est d’abord et avant tout acceptée, voire prolongée, par ceux qui la subissent :
« Pour ce coup je ne voudrois sinon entendre comm’il se peut faire que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelque fois un tyran seul, qui n’a puissance que celle qu’ils luy donnent ; qui n’a pouvoir de leur nuire, sinon tant qu’ils ont vouloir de l’endurer ; qui ne scauroit leur faire mal aucun, sinon lors qu’ils aiment mieulx le souffrir que lui contredire. » (5)
La question suffit pour que l’on s’interroge : pourquoi tous ceux qui usèrent de leur position dominante pour agresser sexuellement des femmes n’ont-ils pas été contredits par ceux-là qui ont permis à son pouvoir de s’installer, avant même qu’ils en usent dans ce but précis ? L’usage odieux de l’autorité - quelles qu’en soient les formes et les cibles - mérite d’être contrarié, combattu, dénoncé. Et si les raisons qui expliquent la passivité face à ces postures et à ces actes permettent de la comprendre et d’en mesurer l’universalité, il reste peut-être possible de promouvoir l’usage partout et toujours d’une révolte parmi les plus justifiées, une révolte qui n’aurait d’autre objectif que de faire honte à ceux qui prétendraient s’assurer une puissance ou un caprice qui dépassent de quelque façon que ce soit les responsabilités qui leur ont été reconnues.

Quant au harcèlement sexuel, irréductiblement lié à des désirs masculins et féminins fort souvent inconciliables, il serait peut-être opportun d’en favoriser la réduction par une mise en garde systématique des garçons. L’éjaculation préventive reste le meilleur moyen de réduire la tension qui porte aux inconduites et il serait probablement opportun d’en recommander et d’en déculpabiliser l’usage. Je me suis laissé raconter - j’ignore si c’est vrai - que, lors du Congrès de Vienne, Talleyrand quittait chaque soir ses collaborateurs par cette recommandation : « Rendez-vous demain matin dispos, rasés, décrassés et branlés. » Il savait trop ce qui peut distraire des objectifs premiers.

(1) Nancy Houston, “Le marché a démocratisé le droit de cuissage” in Le Monde, 31 octobre 2017, p. 20.
(2) Puis-je attirer plus particulièrement l’attention sur ce que je rapportais alors des recherches que Irving Goffman a consacrées à l’oeillade, lesquelles ne conduisent pas à réduire le problème aujourd’hui tant débattu au consentement et moins encore au oui et au non qui pourraient en être l’expression ?
(3) Françoise Héritier, Masculin/féminin II, Odile Jacob, 2002, pp. 391-392.
(4) Françoise Héritier, Une pensée en mouvement, Odile Jacob, 2009, pp. 106-107.
(5) Ètienne de La Boétie, Le discours de la servitude volontaire, Èd. Payot, 1993, pp. 104-105.