Le venin dans la plume
de Gérard Noiriel
Quand on souhaite crédibiliser une opinion, on la qualifie de savoir. Quand on veut au contraire la discréditer, on l’appelle croyance. Après avoir accordé sa confiance à la science pendant de nombreuses décennies, l’opinion commune a connu, au cours des vingt dernières années, un spectaculaire renversement qui voit très habituellement les mérites de la science cantonnés dans des processus techniques et, pour le reste, déconsidérés jusqu’à être assimilés à des croyances.
Les causes de ce renversement sont bien malaisées à isoler, d’autant que l’effort pour le faire serait encore assimilé à la construction d’une nouvelle croyance. Néanmoins, serait-il absurde d’y voir - au moins en partie - le résultat inattendu des démarches qui, depuis les années 60, ont visé à pourchasser au sein même du discours scientifique les traces d’une subjectivité apte à subtilement contaminer tout travail d’objectivation ? Par exemple, lorsqu’il est affirmé que la médecine moderne occidentale n’est pas plus respectable que les médecines traditionnelles orientales (puisqu’elle reposerait sur des croyances à peine moins consolidées que les autres), c’est tout autant un certain scepticisme que les chercheurs en médecine ont souhaité pratiquer pour conférer à leurs savoirs une scientificité accrue que le rejet pur et simple de la rigueur vérificatrice qui y a sans doute conduit.
Un des résultats de cette évolution tient dans ce dogme aujourd’hui très répandu que les croyances ont droit à des égards. Il fut un temps où les autorités chrétiennes assuraient leur férule en suppliciant ceux qui critiquaient leur catéchisme ; à présent, elles réclament, avec l’appui des autres confessions, que les croyances, faute d’être partagées, soient respectées. Ne leur en déplaise, je respecte les croyants, mais pas leurs croyances. Car en matière de croyance, tout comme en matière de savoir, en religion comme en science, c’est le silence sur l’objection, qu’il soit contraint ou qu’il soit poliment adopté, qui consolide l’erreur et bafoue la liberté de pensée.
En histoire, comme en religion, c’est le règne des croyances. À ceci près que, depuis un siècle et demi, il fut tenté d’adopter une démarche scientifique en histoire, ne serait-ce que parce qu’il apparaissait possible de parfois démêler, à propos des faits du passé, le faux du vrai. Pour autant, l’histoire est bien loin d’avoir construit un corpus de savoirs cohérents. Bien au contraire, elle a été l’objet, au cours des dernières décennies, d’une double évolution très nuisible aux tentatives d’objectivation qu’elle a eu l’occasion de mener : d’une part, elle a perdu la place qu’elle occupait dans l’enseignement général ; d’autre part, on a vu renaître, plus forte que jamais, l’instrumentalisation idéologique du passé.
Dès lors qu’il s’agit de tenter de comprendre les résistances à une histoire vraie, il importe d’abord de mesurer en quoi les faits en cause sont particulièrement malaisés à cerner. Car un fait historique se présente a priori comme un élément du passé choisi parmi une infinité de faits et, quelles que soient les précautions prises pour accepter ce fait comme méritant davantage d’attention que tout autre contemporain ou voisin, la perte qu’il implique et le renoncement à l’exhaustivité qu’il suppose sont par nature incontrôlables. S’intéresser à un fait historique, c’est un peu comme braquer une longue-vue sur un objet, opération qui l’isole de tout ce qui l’entoure.
Mais ce qui nuit le plus à la vérité en histoire, c’est bien sûr l’intérêt que chacun peut avoir à lui faire dire quelque chose d’utile ou de profitable. Ainsi, lorsque Éric Zemmour fait appel à des faits historiques pour consolider ses opinions, il opère un choix de faits et une interprétation de ceux-ci qui ne s’entoure d’aucune des précautions élémentaires avec lesquels il conviendrait d’approcher le passé avec rigueur. Pour s’assurer une reconnaissance commune de son savoir historique, il se contente de se montrer capable de citer les circonstances marquant tel moment et tel lieu qu’il lui plaît d’évoquer, comme s’il participait à un jeu d’érudition. C’est ainsi qu’il crédibilise ses opinions en leur donnant l’apparence d’un savoir.
Si je cite l’exemple de Zemmour, ce n’est certes pas parce qu’il m’apparaît exemplaire de quelque façon que ce soit ; je le connais trop mal pour ça. Tout au plus le sais-je populaire, dans le sens le plus regrettable du mot. Si je le cite, c’est parce qu’il est la cible d’un livre de Gérard Noiriel, Le venin dans la plume (1) que j’achève de lire. Et c’est de ce livre que je voudrais parler.
Ce que j’ai appris de ce livre et qui m’a incité à le lire me fit croire qu’il s’agissait pour son auteur, Gérard Noiriel, de réaffirmer la nécessité d’une approche historique uniquement guidée par le souci de démêler le faux du vrai à propos du passé. Et donc, d’illustrer pourquoi et comment l’utilisation politique de l’histoire, d’une part, et son usage faussement érudit, d’autre part, accroissaient très fortement les chances de s’en faire une idée fausse. Mon unique crainte portait sur le projet annoncé d’établir une comparaison entre Édouard Drumont et Éric Zemmour, une comparaison qui selon moi pouvait présenter certains risques. Lecture faite, voici ce que j’en pense.
Gérard Noiriel est historien et directeur d’études à l’EHESS et, à ce titre, se veut le défenseur d’une méthode de recherche en histoire censée aboutir à des résultats prévalant sur l’histoire commune. Et lorsque Zemmour s’en est pris au pouvoir des enseignants-chercheurs « qui tiennent le haut du pavé », qui « ont titres et postes » et qui « ont intégré les lieux de pouvoir et tiennent les manettes de l’État » (2), il a souhaité que chacun retrouve sa juste place en écrivant un livre à cet effet. La première question qui mérite discussion est donc de savoir s’il était opportun d’écrire ce livre.
Il est vrai que l’attaque de Zemmour visant les historiens-chercheurs a quelque chose d’exemplaire. Lier le discrédit d’une parole aux privilèges supposés dont bénéficie celui qui la prononce est particulièrement pervers, mais également très efficace. Car, d’une part, c’est s’assurer la sympathie de tous ceux qui regardent la réussite confortable - celle de ceux qui occupent une position garantie par le système (comme dit si volontiers l’extrême droite) - comme une des causes de leur propre adversité ; d’autre part, c’est jeter l’opprobre sur ceux qui pourraient démasquer cet usage sauvage de l’histoire qui lui vaut d’être souvent regardé comme celui qui sait et qui ose dire ce qu’il sait. Le politiquement incorrect est souvent devenu une manière d’exhiber sa sincérité et sa clairvoyance, comme si proférer une horreur ne valait précisément d’être osé que si cela contribuait à révéler des choses qu’on nous cache.
Faut-il pour autant aller à la confrontation ? Fallait-il par exemple aller batailler à la Convention de la droite, le 28 septembre dernier, comme le fit Raphaël Enthoven ? Fallait-il aussi publier un livre d’histoire visant à replacer l’attitude de Zemmour dans une subtile continuité séculaire, comme l’a fait Gérard Noiriel ?
Les deux démarches ne sont pas tout à fait les mêmes.
Enthoven n’avait comme seule compétence notoire que d’être philosophe. Si ce n’est pas rien, il convient pourtant de constater que les “philosophes” d’aujourd’hui qui s’expriment dans les médias se voient bien davantage assignés à philosopher sur le présent qu’à professer la philosophie (entendez l’histoire de la philosophie). Et cette manière de faire est bien éloignée de la démarche rigoureuse que peut représenter la recherche de la signification des philosophes du passé. Pour autant, Raphaël Enthoven est apparu conscient de la difficulté ; il a notamment déclaré : « Je vous remercie de cette invitation. Même si à cause de vous j’ai perdu plein d’amis sans en gagner un seul. Et même si je suis bien conscient que vous avez tout à gagner à ma présence alors que j’ai tout à perdre à venir chez vous. » Après quoi, ce qu’il a explicité, ce sont des positions politiques antinomiques à celles dont cette Convention voulait être l’occasion de l’expression. En quelque sorte, c’était conviction contre conviction.
Gérard Noiriel, de son côté, a voulu fournir aux arguments de Zemmour une réponse d’historien. Il n’a pas choisi de quitter le terrain de la recherche, du moins de façon explicite. Il s’est plutôt autorisé de la recherche - notamment par l’hypothèse d’une certaine similitude entre Drumont et Zemmour - avec l’espoir de dévoiler ainsi le caractère captieux des affirmations de ce dernier. On pourrait dire, en simplifiant à outrance, que c’est la science contre l’impéritie. Il n’en demeure pas moins que l’intention politique reste présente - comment pourrait-il en être autrement ? -, avec tout ce que cela représente de biais inévitables. Le livre se veut le reflet d’un travail de recherche, mais il a un objectif politique et ne s’en cache d’ailleurs pas.
J’hésite fort à poser un jugement à son égard. Fallait-il s’y risquer ? Il y a fatalement deux manières de raisonner. D’un côté, que penser de l’efficacité (politique) de l’entreprise ? N’aboutit-elle pas à ne convaincre que les convaincus ? Je n’en sais trop rien et je n’aperçois pas comment le mesurer. D’un autre côté, ne compromet-elle pas l’ambition scientifique en conférant au souci de démontrer un enjeu qui dépasse le simple désir de savoir ? Je l’ignore tout autant.
Dans ses propos relatifs aux historiens-chercheurs, Zemmour rassemble sous le même blâme ceux qui « ont titres et postes » et ceux qui « ont intégré les lieux de pouvoir et tiennent les manettes de l’État ». Or, s’il est des historiens qui, effectivement, se sont lancés dans la politique jusqu’à y jouer un rôle non négligeable, il pourrait s’agir de ces ambitieux qui, bardés de diplômes, ont quitté les chemins de la science pour emprunter ceux du pouvoir. C’est peut-être cette frontière-là que l’on ne peut impunément franchir.
(1) Gérard Noiriel, Le venin dans la plume, La Découverte, Collection L’envers de faits, 2019.
(2) Éric Zemmour, Destin français, Albin Michel, 2018, p. 37, cité d’après Noiriel, Op. cit., p. 8, car je n’ai pas lu le livre de Zemmour.
Tiens,tiens,ne retrouverait-on pas ici - sur une variation à peine modifiée - la question de notre débat (Y a-t-il une connaissance morale?)
RépondreSupprimerEn effet, le lien - que vous évoquez - entre poursuite de la vérité et engagement politique (qui est celui également entre progrès des connaissances et progrès de la démocratie) me semble devoir être recherché du côté du "bon usage" de la raison. Je précise "bon usage" étant donnée la remarque suivante de Musil : "On ne dispute pas à l'homme sa raison mais l'usage qu'il en fait en société." A quoi on pourrait aussitôt ajouter (à la manière d'Orwell):"Que cela soit accordé et le reste suivra".
Or donc, sur la nature et l'existence d'un lien intrinsèque (voire de "complicité ontologique") entre d'un côté le programme rationnel et épistémologique, et de l'autre, le programme d'action politique et/ou éthique, je recommande ici la (re)lecture des propos suivants de B.Russel:
RépondreSupprimer"L’habitude de fonder les opinions sur la raison, quand elle a été acquise dans la sphère scientifique, est apte à être étendue à la sphère de la politique pratique. Pourquoi un homme devrait-il jouir d’un pouvoir ou d’une richesse exceptionnels uniquement parce qu’il est le fils de son père ? Pourquoi les hommes blancs devraient-ils avoir des privilèges refusés à des hommes de complexions différentes ? Pourquoi les femmes devraient-elles être soumises aux hommes ? Dès que ces questions sont autorisées à apparaître à la lumière du jour et à être examinées dans un esprit rationnel, il devient très difficile de résister aux exigences de la justice, qui réclame une distribution égale du pouvoir politique entre tous les adultes, à l’exception de ceux qui sont fous ou criminels. Il est, par conséquent, naturel que le progrès de la science et le progrès vers la démocratie aient marché la main dans la main." (Russell, Fact and Fiction (1961), Routledge, London and New York, 1994, p. 105.)
Comme le remarque Bouveresse commentant ce même extrait (faisant du même coup - et une fois de plus - la démonstration on ne peut plus claire de sa proximité plus grande (que vous ne semblez vouloir l'admettre) avec la croyance en une certaine forme d'objectivité des valeurs qu'avec la croyance contraire en une subjectivité totale dans ce domaine) :" Dès lors que des questions comme celles dont il s’agit sont posées clairement et abordées de façon rationnelle, la réponse ne peut pas ne pas sembler à peu près immédiatement évidente. Il est donc essentiel, pour ceux qui cherchent à tout prix à maintenir les choses dans l’état où elles sont, de faire en sorte qu’elles ne soient pas posées ou pas envisagées dans un esprit rationnel."
De sorte que je suis tenté de tirer la conclusion suivante:l'"apolitisme" ou le "non-engagement" apparents de certains intellectuels ne peuvent apparaître que comme un pis-aller transitoire, une position - si l'on peut dire - de circonstances et d'attente fondée uniquement sur l'insatisfaction et le mécontentement à l'égard du fonctionnement réel des partis et de leurs dirigeants (ou plutôt de leurs dysfonctionnements) et des manquements non moins réels des institutions en place qui gouvernent nos démocraties.
Si cette attitude de retrait et de méfiance à l'egard du "politique" institutionnel peut être perçue a priori comme une (bonne) manière de "scepticisme", elle me semble cependant uniquement recommandable pour la raison qu'elle est l'attitude la plus prudente (au sens où elle fait probablement courir le minimum de risque à une démocratie comme la nôtre), et non pas pour le fait qu'elle serait la meilleure (prise de) position rapportée au plan individuel et rationnel. Certains - en parodiant Churchill-, n'ont pas eu tort, me semble-t-il, d'affirmer à propos du scepticisme qu'il est d’une certaine façon la pire des positions épistémologiques,ajoutant aussitôt que toutes les autres sont probablement encore pires! Cela ne me semble jamais aussi vrai pris dans le champ politique...
Évidemment, je n’aurais rien à redire à l’idée que le scepticisme soit la pire des positions épistémologiques, à l’exception de toutes les autres. Mais tout cela relève de la boutade.
SupprimerEn fait, il me semble important de tenter de distinguer le plus clairement possible ce qui sépare le politique et la science. J’en ai parlé dans deux notes, l’une du 8 décembre 2011 relative au politique, et l’autre du 19 décembre 2014 relative à la science. Et dans chacune d’elle, j’évoque Russel et les illusions qu’il entretenait à propos du rapport qui les lierait. Pas plus que ne l’avait compris Bourdieu, Bouveresse ne semble bien comprendre le danger que le politique fait courir à la science. Sans doute parce qu’ils ne se sont jamais vraiment frotté, ni l’un ni l’autre, au combat que réclame l’accession à la position de pouvoir qui permet d’infléchir le cours des choses. Défendre une option politique alors que rien ne permet d’en garantir l’effectivité, sinon par l’influence que l’on peut avoir de la proclamer, est quelque chose de très différent de l’adopter alors même que l’on est en position de participer à la concrétiser. C’est pourquoi Bouveresse, suivant en cela Russel, ne craint pas de plaider pour une irruption de la rationalité dans le politique, sans vraiment mesurer ce qui s’y oppose radicalement.
Bien sûr, j’aimerais que cela soit possible. Mais la réalité y fait à ce point obstacle que je pècherais par naïveté si j’en approuvais le dessein, maximisant alors cette pernicieuse tendance à enrober de bonnes intentions les intrigues les plus contestables.
Merci encore pour vos commentaires.
Vous semblez donc trouver naïf "l'irruption de la rationalité dans le politique", y compris à la façon de Russel cité plus haut...
RépondreSupprimerOutre que les bras m'en tomberaient s'ils n'étaient pas aussi solidement rivés, ne trouvez-vous pas plus naïf encore - et pour le coup nettement pire - de laisser le politique à lui-même ?
A qui d'autre pourrions-nous aller à part la raison?
Je serais vraiment curieux de savoir s'il y a là dans votre esprit quelque alternative plus sérieuse et plus crédible (que le recours dans quelque domaine que ce soit à la rationalité)? A moins que - rationaliste à demi - ce ne soit tout bêtement - dans votre esprit - au laisser-faire et à l'absence totale de "programme rationnel" que vous songiez et auquels il faudrait en ce cas rattacher votre position exacte que je ne résisterais pas alors de qualifier de "singulièrement sceptique" ; position que - si tant est qu'elle correspondît effectivement à la vôtre - je trouverais pour le coup la pire d'entre toutes sans exception aucune!
Je crains que la sorte de scepticisme qui sévit ici dans vos propos se rassure à bon compte (scepticisme que l'on pourrait ramasser dans la formule suivante: "tant que je ne fais rien alors je ne fais rien de mal - à fortiori de pire!").
Je conclurai ici simplement par les mots suivants: ce n'est certainement pas parce qu'on se trouve gratifié d'une position (qui plus est "par défaut") de leadership - c'est-à-dire (supposément) plus avantageuse que ses principales concurrentes -, que cette position "de circonstances" doive signifier - partout, pour tous, et pour toujours - la seule et unique position qu'il nous reviendrait de viser et à laquelle il faudrait ultimement et paresseusement nous en tenir (y compris - et même surtout - dans les affaires politiques).
A vouloir ainsi absolument ne pas s'en laisser conter, je crains que la tendance la plus pernicieuse qui menace nos contemporains soit finalement celle qui enrobe de très contestables intentions les meilleures intrigues!
Ne nous trompons pas, la position décrite plus haut, et que je devine comme celle que vous défendez avec une ardeur qui laisserait pantois n'importe quel sceptique un peu conséquent, - toute hégémonique et triomphale que puisse nous apparaitre aujourd'hui une telle position - elle appartient bel et bien toujours - en dépit des apparences - à la catégorie du "pire"! Or, comme dit Bouveresse,"l'existence du pire, qui est au fond rassurante pour ceux qui réussissent à être simplement moins mauvais, ne suffit sûrement pas à transformer ce qu'ils font en quelque chose de réellement bon."
Je m’en voudrais beaucoup de vous rendre manchot. Il me semble pourtant que c’est bien davantage votre interprétation de mes propos que ce qu’ils avaient l’ambition de dire qui vous conduit à n’y voir que le pire. Vous m’imaginez d’un scepticisme à courte vue qui me pousserait à renoncer à la raison, d’une passivité qui s’inclinerait devant le mal, d’une crédulité assumée poussant au cynisme, voire d’une inconséquence coupable. Je n’ai sans doute aucune raison de m’en plaindre : je n’ai simplement pas réussi à me faire comprendre.
SupprimerPour y remédier, j’ai écrit une nouvelle note à propos du rationnel et du politique, datée du 29 octobre 2019. Peut-être sera-t-elle plus claire.