samedi 12 juillet 2003

Note de lecture : Armand Mattelart

Histoire de la société de l’information
d’Armand Mattelart


Quand on lit un livre d’histoire, on est probablement animé du désir de savoir ce qui s’est passé dans les temps anciens. C’est sans doute que l’on est convaincu que ces temps anciens peuvent nous être utiles, qu’ils peuvent nous apprendre pourquoi nous sommes ce que nous sommes, ou nous indiquer les erreurs qu’il ne faut pas répéter, ou encore nous distraire des inquiétudes contemporaines en nous faisant revivre les joies et les malheurs de nos ancêtres.

Mais connaître le passé n’est pas chose aisée. Outre que la critique des sources constitue un exercice difficile, un danger guette en permanence celui qui prétend atteindre la vérité d’époques révolues, c’est l’anachronisme. Car les moyens dont nous disposons pour penser le passé sont ceux dont le présent nous a pourvus et ils recèlent donc tous une inclination à donner aux événements et aux comportements le sens que nous leur attribuons aujourd’hui.

Pourtant, si l’histoire présente un intérêt, c’est précisément celui de nous faire découvrir des manières d’agir et de penser qui sont étrangères aux nôtres. Lorsqu’on étudie les œuvres de Platon, il s’agit bien plus de découvrir ce que le contexte historique a permis à ce philosophe de penser – y compris dans ce que cela peut avoir d’étrange, voire d’incompréhensible pour nous – plutôt que de trouver un « prêt à porter » de la pensée dont nous pourrions utilement user aujourd’hui.

Voilà sans doute ce qui justifie que l’on analyse les ouvrages d’histoire avec beaucoup d’esprit critique. Car la saveur de l’histoire réside dans l’étrangeté qu’on y découvre et non dans l’accoutumance à laquelle condamne une approche uniquement érudite. Jean-Jacques Rousseau a écrit : « Quand on veut étudier les hommes, il faut regarder près de soi ; mais pour étudier l'homme, il faut apprendre à porter sa vue au loin ; il faut d'abord observer les différences pour découvrir les propriétés. » (1) Porter sa vue au loin, ce peut être la porter loin dans le passé, là où on peut observer les différences.

C’est dans cet esprit que j’ai ouvert le livre d’Armand Mattelart (2).

Il est peut-être utile de commencer par épingler un certain nombre de défauts du livre.

Il est écrit petit. C’est particulièrement le cas des encadrés qui interrompent la lecture. On finit par ne plus savoir si la fatigue ressentie est due aux idées désespérantes développées, au style lourd et technique employé ou à cette petitesse des caractères.

L’exposé présente le grave inconvénient de mélanger citations, idées reproduites et idées personnelles sans que l’on sache toujours très bien ce à quoi l’auteur adhère et ce qu’il ne fait que présenter. Evidemment, les deux derniers chapitres et la conclusion révèlent davantage les choix personnels de l’auteur, mais il est dommage que l’on ne puisse pas mieux déceler – particulièrement dans les quatre premiers chapitres – ce qui est décrit dans le but d’informer et ce qui est décrit dans le but de dénoncer.

Il y a quelque chose d’agaçant dans le procédé qui consiste à "convoquer" un maximum d’auteurs (philosophes, sociologues, politologues, etc.) pour démontrer que l’évolution historique dont on prétend comprendre le sens serait annoncée ou perçue par un nombre considérable de penseurs renommés. Les citations – quand elles existent – sont généralement très courtes, sorties peut-être de leur contexte, et interprétées dans un sens corroborant les idées de Mattelart.

Enfin le style employé est volontiers jargonnant et n’évite pas toujours l’enflure.

Avant même de résumer le livre, il est peut-être utile de tenter d’en donner un aperçu général.

Le sujet annoncé, c’est l’histoire de la société de l’information. Mais que faut-il entendre par « société de l’information » ? Expression très ambiguë, la société de l’information ne désigne pas une partie du monde social (celle qui serait chargée de l’information), ni davantage une société qui se distinguerait des autres par l’importance qu’elle accorde à l’information, mais bien une certaine manière de concevoir la société et qui se caractérise par le fait que l’essentiel des progrès que l’homme peut attendre viendraient de la facilitation de la circulation de l’information. « La société globale de l’information est devenue un enjeu géopolitique, et le discours qui l’entoure est une doctrine sur les nouvelles formes de l’hégémonie » (3), voilà l’idée maîtresse d’Armand Mattelart.

Il est sans doute vrai que le monde occidental contemporain est traversé par des convictions dominantes et que celles-ci influencent les institutions, l’économie et la culture. Il est même probable que cet ensemble de convictions dominantes joue un rôle très comparable à celui que l’on reconnaissait il y a vingt ou trente ans aux idéologies explicites. Mais il est bien moins sûr que le nœud central de cette nouvelle idéologie soit la société de l’information, et moins sûr encore que cette idéologie soit consciemment construite par ceux à qui elle profite. C’est pourtant de cette manière qu’Armand Mattelart nous présente les choses, succombant ainsi – me semble-t-il – à la rhétorique du complot (4), c’est-à-dire à cette détestable tentation qui s’offre à tous ceux qui veulent dénoncer les effets regrettables d’un courant de pensée en imaginant qu’il est inventé et entretenu par une concertation cynique.

Je pense personnellement que l’idéologie contemporaine est très sournoise, dans la mesure où elle n’est pas perçue comme telle. Elle s’insinue autant dans les esprits à travers des conditionnements très subtils (comme ceux qui cheminent par le biais de la publicité) que par des discours argumentés. Et, dans ce contexte, il est très malaisé de déterminer quels sont les axes principaux de cette idéologie. La circulation de l’information en est un, c’est certain, mais il en est d’autres au moins aussi importants (la démocratie participative, la communication, la logique réticulaire, le management, la prospective, la gouvernance, etc.)

Le livre peut être résumé et commenté comme suit.

Dans un premier chapitre intitulé « Le culte du nombre », Armand Mattelart plonge jusqu’au début du XVIIe siècle pour désigner, comme prémisse des phénomènes qu’il veut étudier, l’importance toute particulière que savants et philosophes accordèrent alors à l’arithmétique et à la géométrie. Il insiste sur les projets de langage universel qui, au XVIIe et XVIIIe siècles, accompagnèrent les premiers développements de la démarche scientifique moderne et suggère ainsi que le courant de pensée contemporain qu’illustre le concept de "société de l’information" serait en fait la suite logique d’une évolution de longue durée, commencée avec les premières manifestations du rationalisme quantitatif.

L’idée d’une évolution de longue durée – progressive et linéaire – est à première vue séduisante. Elle situerait ce que certains peuvent appréhender comme des modes passagères dans le contexte d’un mouvement historique multiséculaire dont on ne peut s’apercevoir que si on accepte de prendre beaucoup de distance avec les explications communes. Mattelart multiplie au fil du livre tout entier les indices destinés à accréditer l’existence de ce mouvement. Et l’image qu’il en donne est celle d’une évolution qui prend continûment le même sens, renforçant toujours et de plus en plus les tendances premières.

Mais on peut se demander si Mattelart ne s’est pas lui-même laissé aveugler par le charme et la simplicité de son hypothèse. Car, en creusant un peu les choses, on peut aisément échafauder une autre hypothèse, entièrement opposée à la sienne. En effet, au sein de l’idéologie contemporaine, on peut mettre facilement en évidence des traits qui traduiraient une rupture assez profonde avec la science moderne.

Mattelart ne cite Descartes qu’une seule fois, et c’est pour signaler qu’il avait émis « l’idée d’une langue nouvelle conçue au moyen d’un système décimal de numérotation » (5). C’est un peu court vis-à-vis de quelqu’un dont il est difficile de nier qu’il influença très profondément un grand nombre de philosophes et de scientifiques durant plusieurs siècles et marqua même les esprits communs au point de faire de son nom un adjectif marquant des qualités intellectuelles (clarté, logique, méthode, rationalité, solidité). Or, on doit bien constater que la démarche scientifique contemporaine apparaît en contradiction avec la façon dont Descartes envisageait la science. Tant et si bien que, là où Mattelart suggère la continuité, il serait peut-être tout aussi justifié de parler de rupture.

Un des fondements les plus importants de la pensée de Descartes, c’est sans doute l’idée qu’il n’y a de science que totale et unifiée. Pour lui, la diversité des objets du savoir n’implique pas une diversité corrélative des dispositions intellectuelles qui permettent de les appréhender. Toutes les sciences relèvent d’une disposition universelle à la vérité, une humaine sagesse « qui ne reçoit pas plus de diversité que n’en reçoit la lumière du soleil de la variété des choses qu’elle éclaire » (6). Il s’ensuit qu’il n’y a de démarche scientifique valide que pour autant que soit pris en compte le fait que les sciences forment une chaîne, une chaîne dont la solidité dépend de la façon dont chaque maillon est bien refermé sur celui qui le précède et sur celui qui le suis. Ainsi, l’image de la science que Descartes retient est celle de l’arbre « dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences » (7). Ce qui revient à dire, comme l’écrit avec justesse Philippe Hamou que « l’enchaînement des sciences est analogue à l’enchaînement des intuitions dans l’ordre déductif : il n’est valide et fructueux que si tout ce qui doit être pensé et compris à chacune des étapes est pensé et compris une fois et une fois pour toutes » (8).

Le discours savant obéit de nos jours à des principes diamétralement opposés : la vérité est généralement jugée relative au contexte dans lequel elle est proférée et le savoir est vu, non plus comme une chaîne ou un arbre, mais comme un filet dans lequel toutes les intersections ont la même valeur (heuristique, notamment), à l’instar des réseaux (dont Internet est le paradigme). La hiérarchie, celle des pouvoirs et des responsabilités, comme celle des principes et des raisons, est mal vue ; l’interconnectivité lui est préférée, une interconnectivité dans laquelle chaque unité est censée disposer des mêmes droits à participer à ce qui se passe. Mattelart rend compte de cette logique réticulaire (9), mais il semble ignorer combien ce modèle est en contradiction avec la science unifiée rêvée par les philosophes des XVIIe et XVIIIe siècles. (10)

Cette ignorance n’est pas sans conséquence sur son analyse. En effet, il met bien peu l’accent sur la disparition d’une certaine forme de rigueur qui avait longtemps caractérisé la démarche scientifique. De nos jours, la qualité de scientifique est de plus en plus souvent reconnue – du moins par les médias – à des travaux ou des chercheurs révélant des hypothèses ou des résultats mal étayés plutôt qu’à ceux dont la méticulosité méthodologique fait le prix. On peut se demander si le livre de Mattelart n’a pas lui-même succombé – inconsciemment peut-être – au désir de plaire aux médias ; la rigueur est loin d’y être omniprésente.

Dans le deuxième chapitre intitulé « La gestion de l’âge industriel et scientifique », Armand Mattelart poursuit la tâche qu’il s’est assignée, à savoir démontrer la continuité du courant d’idées qui – naissant avec l’esprit scientifique nouveau du début du XVIIe siècle – progresserait sans interruption réelle jusqu’à nos jours. Et d’affirmer que Saint-Simon aurait dénoncé la philosophie négative des Lumières et appelé de ses vœux une philosophie positive (11) ; citation à l’appui, il affirme que Michel Chevalier, le disciple de Saint-Simon, « est un des premiers penseurs français à montrer sa fascination à l’égard du modèle américain de domestication de l’espace des réseaux » (12).

N’y a-t-il pas dans tout cela une sollicitation un peu complaisante d’œuvres qui ont été écrites dans un contexte différent et dont la pensée est retraduite en langage et au moyen de concepts contemporains ? Je pense que la question mérite d’être posée. Et il se justifie tout autant de se la poser à propos de Charles Fourier quand on lit que sa pensée « sur l’individu polyvalent, l’éducation intégrale et la réconciliation du travail et du plaisir dessinera l’horizon des futurs alternatifs au mode de développement utilitaire » (13).

Il semble, par contre, assez judicieux d’insister comme Armand Mattelart le fait sur la place sans cesse grandissante qui fut accordée au nombre. Ce qu’il appelle la raison actuaire me paraît effectivement avoir progressivement dessiné le décor dans lequel nous vivons aujourd’hui. C’est particulièrement vrai des avancées en matière statistique qui ont énormément participé à conférer beaucoup de vraisemblance au principe selon lequel la circulation de l’information suffirait à garantir simultanément la véracité de l’information et le caractère démocratique des décisions. Je voudrais évoquer deux exemples permettant de mieux faire comprendre encore l’impact de cette évolution sur nos vies de tous les jours.

La vie politique est de plus en plus influencée par les sondages. Au point que l’on peut se demander si la réussite d’une carrière politique n’est pas aujourd’hui très dépendante de la capacité à adopter comme des idées personnelles des projets qui coïncident le mieux possible avec ce que les sondages révèlent comme majoritairement souhaité ou accepté. Le pourcentage statistique devient ainsi le point de départ d’une sorte de cercle vicieux : une idée politique favorablement accueillie par les sondés est si bien répercutée par les politiques qu’elle en devient d’autant plus populaire et renforce donc la propension qu’ont ces politiques à s’en faire les chantres. En poussant un peu loin le raisonnement – trop loin, sans doute – on aboutirait à un fonctionnement démocratique ressemblant à un homéostat, bien loin des choix libres et réfléchis.

L’importance prise par la télévision au sein de la vie culturelle est de plus en plus grande. Or, l’orientation des programmes diffusés par la télévision est elle-même de plus en plus influencée par l’audimat, c’est-à-dire par la mesure de l’audience de chaque programme. Il ne fait guère de doute que cette évolution est due en grande partie au financement des chaînes de télévision par la publicité. Mais s’y mêle sans doute aussi une logique dans laquelle il est recommandé d’aller au devant des goûts du grand nombre. Et ici aussi, le danger d’un cercle vicieux n’est pas absent : la diffusion aux meilleures heures d’une émission l’impose en quelque sorte au grand nombre, ce qui favorise son succès et, par voie de conséquence, incite à la création d’émissions similaires. Tant et si bien que les produits culturels sont de moins en moins variés et que le risque est de plus en plus grand de voir s’amenuiser énormément la frange du monde social qui reste intéressée par la culture cultivée.

Dans le troisième chapitre intitulé « L’émergence des machines informatiques », Armand Mattelart relate les circonstances dans lesquelles les machines informatiques se sont développées. Il s’appesantit longuement sur ce que ces machines doivent aux conditions de guerre.

Il cherche en outre à mettre ce développement des machines informatiques en relation avec l’évolution des idées, notamment dans le domaine du comportement humain. Et là, de nouveau, il faut bien constater qu’il manque énormément de nuance et englobe un peu facilement dans une même évolution des pensées et des auteurs qu’il prive de leur originalité.

Ainsi, par exemple, il ose affirmer ceci : « En s’alignant sur la théorie de l’information, la linguistique structurale, science-phare des années soixante, prétend offrir aux sciences sociales un modèle qui leur permette de conquérir une identité et une légitimité proche des sciences exactes. Le langage comme système définit la société comme système. La biologie moléculaire, qui vient de découvrir le patrimoine héréditaire inscrit dans l’ADN, et l’analyse structurale du discours partagent la même topographie conceptuelle : code, système d’information, programme, signe et message [Jakobson, 1962 ; Jacob, 1970]. Le texte est souverain. Le système de communication ne renvoie qu’aux seules lois de sa structure interne. Le corpus est irréductiblement clos sur lui-même. Les récepteurs ainsi que les sujets de l’énonciation et leurs intérêts s’effacent. » (14)

Il est pour le moins audacieux de prétendre que la linguistique structurale s’est alignée sur la théorie de l’information. Celle-ci, en effet, postule que c’est la liberté et le nombre d’échanges informatifs qui stimulent le mieux l’avènement d’une société « plus solidaire, plus ouverte et plus démocratique » (15). Or, à l’inverse, la théorie structuraliste met en évidence le caractère non ou peu conscient des phénomènes culturels. Ce qui signifie que « les sujets de l’énonciation et leurs intérêts » ne « s’effacent pas », mais qu’au contraire ils permettent au système social, en poursuivant des intérêts peu lucides sur les véritables enjeux, de répondre aux exigences de sa survie. Un passage d’un article publié en 1949 par Claude Lévi-Strauss permet de mesurer la différence : « C’est à Boas que revient le mérite d’avoir, avec une admirable lucidité, défini la nature inconsciente des phénomènes culturels, dans des pages où, les assimilant de ce point de vue au langage, il anticipait sur le développement ultérieur de la pensée linguistique, et sur un avenir ethnologique dont nous commençons à peine à entrevoir les promesses. Après avoir montré que la structure de la langue reste inconnue de celui qui parle jusqu’à l’avènement d’une grammaire scientifique, et que, même alors, elle continue à modeler le discours en dehors de la conscience du sujet, imposant à sa pensée des cadres conceptuels qui sont pris pour des catégories objectives, il ajoutait : "La différence essentielle, entre les phénomènes linguistiques et les autres phénomènes culturels, est que les premiers n’émergent jamais à la conscience claire, tandis que les seconds, bien qu’ayant la même origine inconsciente, s’élèvent souvent jusqu’au niveau de la pensée consciente, donnant ainsi naissance à des raisonnements secondaires et à des réinterprétations."** Mais cette différence de degré ne dissimule pas leur identité profonde, et elle ne diminue pas la valeur exemplaire de la méthode linguistique pour les recherches ethnologiques. Au contraire : "Le grand avantage de la linguistique à cet égard est que, dans l’ensemble, les catégories du langage restent inconscientes ; pour cette raison, on peut suivre le processus de leur formation sans qu’interviennent, de façon trompeuse et gênante, les interprétations secondaires, si fréquentes en ethnologie qu’elles peuvent obscurcir irrémédiablement l’histoire du développement des idées."*** » (16)

Aux yeux des structuralistes, l’information qui circule ne serait donc pas la source d’une meilleure lucidité sur le monde social, mais au contraire le moteur peu conscient des forces qui le modèlent. Il est regrettable qu’Armand Mattelart – qui souhaite manifestement prendre ses distances avec le concept de société de l’information (il termine son livre en dénonçant « les sentiers battus du millénarisme technoglobal » (17)) – se plaise néanmoins à donner du crédit à l’idée naïve que ce serait la circulation de l’information qui importerait, davantage que la qualité de son contenu.

Le quatrième chapitre intitulé « Scénarios postindustriels » est particulièrement intéressant. On y trouve énumérés les auteurs dont l’influence aurait été prépondérante dans l’émergence des idées qui conduiraient à la société de l’information : fin des idéologies, prévision, démocratie interactive, réseaux.

On comprend, bien sûr, que Mattelart se soit concentré sur les auteurs qui ont en quelque sorte fait le courant dont il parle. Ce qui a notamment comme mérite de montrer l’étroite imbrication entre savants et politiques. Il n’est effectivement pas inintéressant qu’il nous apprenne que le « panthéon » de Daniel Bell comporte « trois personnages : Saint-Simon, […] Frédéric Winslow Taylor et Robert McNamara » (18).

Mais il est gênant qu’il taise la manière dont – dans les mêmes domaines – des recherches divergentes ont pu progresser. Que Daniel Bell ait usé de l’autorité de Max Weber pour mieux contrer les thèses de Marx est sans doute vrai. Mais Weber a aussi influencé un important courant de la sociologie dont les préoccupations se situent bien loin de celles de Daniel Bell et qui, notamment, tente de rendre compte de la façon dont l’accès à l’information, sa distribution et son décryptage participe d’une logique qui, loin de favoriser la solidarité, l’ouverture et la démocratie, entretient et renforce des privilèges.

Lorsqu’il évoque le « boom de la prévision » (19), Mattelart relate les débuts de ce qu’on appelle aujourd’hui la prospective. Est-ce malicieusement qu’il cite – sans le commenter – l’exemple des travaux de Herman Kahn qui prédit en 1967 que, dans la société postindustrielle de l’an 2000, « on ne travaillera pas plus de 5 à 7 heures par jour, 4 jours par semaine, 39 semaines à l’année et on prendra 13 semaines de vacances » (20) ? Si l’on en croit les tenants (21) actuels de l’État social actif, la durée du travail devrait augmenter dans les 10 ou 20 ans à venir !

Il est évidemment aisé d’ironiser sur les prévisions. Et il ne fait guère de doute qu’il soit possible de mener des recherches permettant de mieux prévoir l’évolution du monde social, au moins à court terme. Mais la difficulté de cette tâche se concilie sans doute mal avec l’impatience des demandeurs qui se pressent sur le « marché » de « l’élaboration de scénarios d’anticipation » (22), pour reprendre une expression de Mattelart. On peut regretter que celui-ci n’évoque d’aucune façon cette confrontation de la recherche scientifique aux exigences des hommes d’action.

Dans le cinquième chapitre intitulé « Les avatars des politiques publiques », Mattelart dévoile enfin une partie de ses opinions.

Après avoir énuméré les principaux rapports sur lesquels, depuis les années 70, les autorités politiques se sont appuyées pour justifier la mise en œuvre de la computepolis, de la télématique, du free flow information, des autoroutes de l’information, et de ses corollaires que seraient l’affaiblissement de la tutelle étatique et la déréglementation, Mattelart se laisse enfin aller à évoquer certaines insuffisances. Parlant du sommet européen de Lisbonne qui s’est tenu en mars 2000, il écrit que « l’Union européenne se donne comme objectif stratégique de "devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique". » « La définition de la mission des systèmes éducatifs, ajoute-t-il, est évasive : s’adapter "tant aux besoins de la société de la connaissance qu’à la nécessité de relever le niveau d’emploi et d’en améliorer la qualité". Toujours rien sur les contenus et les usages, lance-t-il alors, sauf à considérer que la mention explicite à la nécessité pour les enseignants de se convertir en utilisateurs d’Internet peut tenir lieu de politique. » (23)

Mais on peut se demander de quelle nature est sa critique. On en a peut-être une idée quelques paragraphes plus loin, lorsque – évoquant toujours l’Union européenne – il écrit : « Construire un espace de valeurs impliquerait pour le moins que les partenaires partagent une conception plus ou moins commune des responsabilités de la puissance publique. Or, il est clair, par exemple, que le libéralisme à visage humain de la "société de marché" prôné par le parti néotravailliste britannique et sa "troisième voie" s’accorde mal de l’idée de politique publique. L’individu étant promu l’axe de l’autorégulation, le système éducatif n’est plus cette fabrique qui tend à renforcer les inégalités sociales auxquelles il convient de remédier mais le lieu où l’individu flexible construit son "employabilité" dans le cadre de la compétitivité scolaire. Le lieu où, en l’occurrence, il devient le seul responsable de son éventuel chômage. C’est ce pragmatisme social-libéral qui, lors du sommet européen de Lisbonne en mars 2000, dominé par l’axe Londres-Berlin-Madrid, a prévalu notamment dans la vision strictement instrumentale des États de l’Union sur les missions qui incombent aux systèmes éducatifs et aux enseignants dans le passage à la "société de la connaissance". » (24)

Il y a quelque chose de politicien dans cette critique qui ne vise que les étapes contemporaines de l’évolution dont tout le livre veut témoigner et qui dénonce explicitement un courant politique. Or, il faut bien constater que ce que Mattelart met en cause, ce n’est rien d’autre que la capacité qu’aurait la circulation de l’information de garantir – à elle seule – un savoir meilleur et mieux distribué. Est-il temps de s’en indigner, alors que le principe en est expliqué (sinon défendu) par le même Mattelart depuis plus de 80 pages ?

Dans le sixième et dernier chapitre intitulé « La société globale de l’information : un enjeu géopolitique », le ton du livre change du tout au tout. Dès la première phrase, les choses sont entendues : « Le paradigme techno-informationnel est devenu le pivot d’un projet géopolitique qui a pour fonction de garantir le réaménagement géoéconomique de la planète autour des valeurs de la démocratie de marché et dans un monde unipolaire. » (25) Il y aurait donc bien une sorte de complot international – « un projet géopolitique » -, voire planétaire.

Or, quelques pages plus loin, Mattelart n’hésite pas à affirmer que « les théoriciens du management global » « suppose[nt] que les médiations sont à ce point infinies et convoquent un tel éventail d’acteurs, que le technosystème mondial a atteint un tel niveau de complexité qu’il en est acéphale, et donc que personne n’est responsable. » Le « monde est non seulement sans frontières (borderless) mais sans "meneur de jeu" (leaderless) [Ohmae, 1985, 1995]. » (26)

Y a-t-il projet ou les choses évoluent-elles spontanément ? Il est dommage que Mattelart n’aborde pas la question. Tenant des propos contradictoires à son sujet, il semble même l’avoir ignorée. Or, cette question est importante, car elle a une grande incidence quant au jugement qu’il convient de porter sur ce que Mattelart appelle « l’archipel des résistances » (27).

Détaillant un certain nombre de situations dont l’existence dément les évolutions optimistes prédites, Armand Mattelart évoque les mouvements qui, à Seattle en 1999 et à Porto Alegre en 2001 notamment, ont brandi le drapeau de la contestation. « L’objectif de cet événement, écrit-il à propos de Porto Alegre, était de dépasser la phase des doléances pour entamer celle de la réflexion en vue de formuler des propositions alternatives au modèle de mondialisation ultralibéral. Objectif d’autant plus important quand on sait la tendance de nombreux groupes contestataires à escamoter le nécessaire détour par la formalisation théorique au nom de la priorité de l’action sur le terrain. » Le fait est que « la contrepartie du foisonnement des échanges est que les organisateurs ont choisi de ne pas émettre de conclusions finales » (28).

Toute l’ambiguïté est là. Et notamment celle d’Armand Mattelart. Car on peut se demander si la contestation dont il parle n’est pas elle-même traversée par les courants d’idées si multiformes dénoncés par ailleurs. On se rappelle que Porto Alegre fut notamment l’occasion d’un important engouement pour la démocratie participative que la commune où se tenait le Forum social mondial prétendait avoir mise en application. Or, le concept de démocratie participative fait partie du cortège de concepts que la société de l’information entraîne avec elle. L’idée est que le citoyen n’est véritablement citoyen que s’il participe à la vie politique en s’informant. Mais peut-on ainsi faire mine de croire que tous les citoyens sont égaux devant la démarche qui consiste à participer spontanément à des réunions politiques ? Il est bien difficile d’écarter la question. La démocratie participative – à l’insu sans doute de ceux qui s’en font les ardents défenseurs – n’aurait-elle pas pour principal effet d’offrir des moyens supplémentaires à tous ceux qui maîtrisent les techniques de constitution de dossiers, les techniques de dialogue et l’entregent grâce auquel il est possible de peser auprès de toute autorité, c’est-à-dire principalement aux lobbies ? La vertu du dialogue, dont les mérites sont tant chantés, ne masquerait-elle pas le surcroît de privilèges que la démocratie participative accorderait aux privilégiés ?

La « Conclusion » d’Armand Mattelard contient un ensemble d’idées avec lesquelles je puis me sentir d’accord. Il me paraît en effet assez juste de dire que la société de l’information s’impose à nous comme une évidence, qu’elle affectionne le principe de la « table rase », que la complexité en est souvent l’alibi, qu’elle dévalorise l’intellectuel, qu’elle impose au monde les valeurs du monde occidental, qu’elle méconnaît l’histoire.

Mais fallait-il dire toutes ces choses comme il les dit ? A propos de la façon dont fonctionne l’évidence, Mattelart écrit : « aucune pédagogie d’appropriation citoyenne du milieu technique ne peut s’abstraire de la critique des mots qui, prétendument apatrides, n’ont de cesse de faire intrusion dans le langage commun et d’encadrer les représentations collectives » (29). Qu’est-ce donc qu’une « appropriation citoyenne du milieu technique » ? Cet adjectif citoyen participe, me semble-t-il, à ces mots dont Mattelart dénonce l’intrusion dans le langage. Il n’a d’autre fonction que de placer le substantif auquel il s’applique dans un courant plus global et dans la logique que ce courant véhicule.

Mattelart ne serait-il pas victime de ce qu’il dénonce ?

Le livre d’Armand Mattelard a le mérite d’inciter à la réflexion. Il m’a notamment conduit à m’interroger sur une problématique éminemment intéressante (qu’il ignore) : qu’en est-il des rapports entre un système social et les critiques qu’il suscite ?

Nous savons peu de choses de la façon dont les animaux vivent les comportements – très souvent instinctifs – que le groupe a en commun. Mais nous pouvons supposer que – quelle que soit l’espèce animale envisagée – il n’existe sans doute rien de comparable à la façon dont l’homme – espèce pensante et réfléchissante – vit son rapport à la société. Une des caractéristiques de ce rapport est le fait que l’homme peut individuellement considérer que les règles sociales que forgent l’ensemble du groupe ne sont pas acceptables. Après tout, la politique n’est rien d’autre que la gestion de ce problème, à savoir celui de l’adéquation entre les règles sociales et ce que chaque individu pense de celles-ci.

Il n’est pas exclu que, dans un passé sans doute lointain, ou dans des régions tout aussi lointaines, existèrent des sociétés où le problème politique ne se posait pas (ou peu), parce que chaque individu était à ce point imprégné des règles sociales que celles-ci lui semblaient aller de soi. A l’inverse, la société occidentale n’a cessé d’être de plus en plus critique d’elle-même, au point que les règles sociales qui la caractérisent apparaissent comme le produit d’une confrontation permanente entre de prétendus savoirs aptes à guider les comportements et leur constante remise en cause. C’est sans doute un des effets de l’intrusion de la raison en tant que référence majeure dans l’art de bien penser.

La raison est fréquemment présentée comme un inestimable avantage de l’homme sur le reste de la nature. Et il est effectivement peu contestable qu’elle ait permis le développement de la démarche scientifique, laquelle a conféré à l’homme les moyens de maîtriser certains des obstacles qui s’opposaient à la multiplication de l’espèce. Mais l’usage qui est fait de la raison – lorsque celle-ci prétend s’appliquer aux comportements humains – fait quelquefois d’elle quelque chose comme une forme nouvelle de superstition. Il en va ainsi, me semble-t-il, des prétendus savoirs philosophiques, sociologiques ou économiques qui justifient bien des choix politiques. Il est en effet possible d’user d’arguments rationnels pour conforter un choix irrationnel ; c’est ce que fait tout qui ordonne de la manière la plus cohérente possible quelque plaidoyer que ce soit. Et il faut alors recourir à une sorte de raison seconde pour dénoncer l’irrationalité de la cause à laquelle la raison a prêté ses armes, laquelle raison seconde est à son tour passible d’une troisième, et ainsi de suite. La raison n’ayant aucun fondement premier lié à des questions premières, elle est sans cesse menacée par le sophisme.

La société contemporaine a vu se multiplier les critiques de son propre système social. Mais ces critiques sont à ce point dépendantes des outils conceptuels que le système génère (parmi lesquels la raison figure en première place) qu’il convient de s’interroger sur la nature de ces critiques. N’ont-elles pas quelquefois une fonction de raffermissement du système critiqué, comme si, en occupant et en monopolisant l’espace des possibles, elles ne déjouaient pas à leur insu les critiques véritablement susceptibles d’altérer le système ? La question mérite d’être posée.

Mattelart m’incite à poser cette question, car son livre se présente en définitive comme une critique argumentée d’un important courant de pensée. Or, la manière dont il prétend rendre compte de la genèse de ce courant de pensée transforme celui-ci en une sorte de fatalité. Et la critique formulée devient alors la « bonne conscience » de quelqu’un qui sait que son combat est vain, mais qui en retire le profit de ne pas paraître complice. N’y aurait-il pas chez certains « contestataires » une posture qui présenterait l’avantage pour ces derniers de manifester leur refus du système et, pour le système, l’avantage d’être subtilement conforté ?

Le concept de société de l’information s’inscrit sans aucun doute dans l’idée plus vaste de mondialisation. Et il n’est pas inutile – dès lors – d’élargir la réflexion à ce thème.

Dans un sens restreint, le mot mondialisation désigne l’extension au monde d’un phénomène particulier. Ainsi peut-on parler de la mondialisation d’Internet. Mais le mot a pris un sens beaucoup plus général et, sans préciser de quoi il est question, il évoque dès lors un processus par lequel tous les phénomènes deviendraient mondiaux. Est-ce le cas ? Est-ce possible ? Est-ce souhaitable ?

Il est incontestable que de nombreux phénomènes ont tendance à se mondialiser. Il suffit de voyager un peu pour s’apercevoir que, partout dans le monde, un aéroport ressemble à un autre aéroport. Et il en va de même pour la restauration rapide, les modes vestimentaires, la téléphonie, les chaînes d’hôtels, etc. En fait, la plupart de ces phénomènes ont quelque chose en commun : ils participent au commerce international, c’est-à-dire qu’ils doivent leur existence à des sociétés commerciales dont les activités et les ventes s’organisent internationalement. Mais s’il est donc incontestable qu’une certaine uniformité d’apparence gagne la planète, il est loin d’être acquis que hommes et femmes vont se mettre à penser de la même façon. Tout ce qui constitue la culture des peuples reste différencié et vivace. En témoignent notamment l’opposition des religions, des croyances, des superstitions, la diversité des valeurs, des morales, des droits, la variété des pratiques, des coutumes, des rites.

La lutte que certains États – telles la France et la Belgique – mènent pour faire accepter l’exception culturelle apparaît, à cet égard, quelque peu dérisoire. Par exception culturelle, il faut entendre le droit que conserveraient ces États d’aider la production de biens culturels (livres, films, etc.) en violation des règles de la concurrence. Or, ce combat pourrait facilement laisser croire que la culture d’un pays se résume à la production de ses biens culturels. Il n’en est rien, évidemment. Ces biens ne sont que cette infime part de la culture qui entre dans le champ du commerce. Tout le reste échappe aux règles du marché : exception et culture seraient alors quasi synonymes, puisque la culture correspond précisément à ce que chaque peuple a de spécifique.

Est-il possible que l’on finisse néanmoins par assister à une véritable mondialisation ? Cela paraît peu vraisemblable, car – au-delà d’apparences convergentes – les sociétés rassemblent toujours des hommes et des femmes qui ne se lasseront sans doute jamais de défendre un genre de vie, un terroir, une tradition, une forme de croyance ou d’incroyance, toutes choses dont le prix tient en grande partie à la différence qu’elles manifestent vis-à-vis d’autres communautés.

De même que la nature s’enrichit de la diversité des espèces, les humains doivent probablement leur survie à l’extrême variation des sociétés. L’idée d’égaliser et d’uniformiser les sociétés représente un trait distinct d’une de ces sociétés, la nôtre. Mais cette idée n’est-elle pas chimérique et ne doit-elle pas sa force actuelle à la façon dont elle dynamise (provisoirement ?) certains indicateurs économiques ?

En définitive, la critique que Mattelart fait de la société de l’information est bien timide. Et il en dit davantage pour conforter l’illusion d’un monde qui s’uniformise que pour ébranler le discours dominant.

(1) Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l’origine des langues, Gallimard, Collection Folio-Essais, 1990, pp. 89-90.
(2) Armand Mattelart, Histoire de la société de l’information, Editions La Découverte, Collection « Repères », 2001. Armand Mattelart est professeur de sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris-VIII, où il dirige le CEMTI (Centre d’études des médias, des technologies et de l’internationalisation). Il a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels Multinationales et systèmes de communication (Anthopos, 1976), L’Internationale publicitaire, (La Découverte, 1989), La Mondialisation de la communication (PUF, « Que sais-je », 1998). Il est aussi membre du conseil scientifique d’ATTAC France (Association pour la Taxation des Transactions pour l'Aide aux Citoyens).
(3) Propos figurant dans une interview réalisée par Stéphane Mandard et publiée sur le site internet http://www.fragmentsdumonde.org/2001/couverture/seminaire/conference_1/Resume_mattlard/mattelart/mattelart.html
(4) S’il succombe manifestement à cette rhétorique dans la dernière partie du livre, il se montre beaucoup plus prudent dans les premières pages, allant jusqu’à affirmer : « Une nouvelle idéologie qui ne dit pas son nom s’est naturalisée et s’est trouvée propulsée au rang de paradigme dominant du changement. » (p. 3) Ce genre d’ambiguïté n’est peut-être pas étonnant dans le chef de quelqu’un qui dénonce la société de l’information, mais qui occupe une chaire universitaire vouée à l’information et à la communication, chaire dont l’existence même peut être perçue comme une victoire du courant d’idées qu’il combat.
(5) Page 9.
(6) René Descrates, Œuvres et Lettres, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1953, p. 37.
(7) Ibid., p. 566.
(8) Philippe Hamou, « Descartes, Newton et l’intelligibilité de la nature », in Les philosophes et la science (sous la direction de Pierre Wagner), Gallimard, Folio-essais, 2002, p. 126.
(9) Cf. chapitre V, pp. 77-91 et chapitre VI, pp. 96-102.
(10) L’idée de science unifiée n’est pas défendue par tous les philosophes et savants du XVIIe siècle. Newton aime, quant à lui, adapter sa démarche à chacun de ses objets d’étude. Mais il ne théorise pas cet éclectisme méthodologique.
(11) Page 21.
(12) Page 22.
(13) Page 23.
(14) Page 44.
(15) Armand Mattelart, Histoire de la société de l’information, Éditions La Découverte, Collection "Repères", 2001, p. 3. Mattelart place lui-même l’expression entre guillemets.
** Franz Boas, ed., Handbook of American Indian Languages, Bureau of American Ethnology, bulletin 40, 1911 (1908). Part I, p. 67.
*** Franz Boas, loc. cit., pp. 70-71.
(16) Claude Lévi-Strauss, « Histoire et ethnologie », Revue de Métaphysique et de Morale, 54e année, n°s 3-4, 1949, pp. 363-391. L’extrait cité figure dans la version de cet article publiée en guise d’introduction in Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Plon, 1974, pp. 32-33.
(17) Page 111.
(18) Page 59. Robert McNamara, ancien secrétaire d’État à la défense des présidents Kennedy et Johnson, vient de faire l’objet d’un film documentaire d’Errol Morris intitulé The Fog of War (cf. Le Monde du 24 mai 2003)
(19) Page 60.
(20) Page 63.
(21) Ceux-là qui préconisent par exemple de supprimer un jour férié pour récupérer une partie des moyens dont la baisse des impôts prive l’État.
(22) Page 62.
(23) Page 88.
(24) Pages 90-91.
(25) Page 92.
(26) Page 96.
(27) Page 102.
(28) Page 108.
(29) Page 109.