mardi 30 juin 2009

Note de lecture : Roger Pouivet

Philosophie contemporaine
de Roger Pouivet


Un ami m’a vivement conseillé de lire Philosophie contemporaine de Roger Pouivet (1). Il y a trouvé, m’a-t-il dit, le point fait sur cette philosophie contemporaine en laquelle, en sa qualité de professeur de philosophie, il se débat continûment. Lorsque l’engouement pour la phénoménologie, pour le déconstructionnisme ou pour le postmodernisme s’évanouit, on peut probablement se sentir un peu comme le funambule dont le câble s’est brusquement distendu et chercher, ne serait-ce que provisoirement, le secours d’un point fixe.

Roger Pouivet est professeur à l’Université de Nancy 2. En cette qualité, il a écrit un livre qui ne dissimule pas sa vocation didactique. La collection qui l’accueille l’indique déjà ; son souci de clarté, poussé jusqu’à la catégorisation, en témoigne davantage encore. Il faut être juste : enseigner réclame de sacrifier certaines nuances dont il serait malvenu de déplorer l’absence. Reste que le plaidoyer de Pouivet en faveur de la philosophie analytique – qu’il annonce très franchement dans une intéressante introduction – l’amène à certaines généralisations et à certaines compartimentations qui me gênent assez.

Pour lui, la summa divisio de la philosophie contemporaine serait celle qui distingue la philosophie analytique de la philosophie continentale. On ne peut certes nier que ce clivage est volontiers évoqué, surtout chez les anglo-saxons. Correspond-il vraiment à un critère distinctif pertinent ? J’en doute. Comme je doute d’ailleurs que l’on puisse retenir une quelconque opposition binaire fondamentale pour caractériser la philosophie contemporaine, si ce n’est celle – qui n’est pas spécifique à la philosophie – qui sépare la sottise de l’intelligence ou encore la prétention de la modestie. Mais ces dernières partitions – qui sont plus floues que n’importe quelle autre – traversent même bien des auteurs, lesquels alternent parfois le pire et le meilleur.

Plus sérieusement, ce qui est en jeu, c’est la possibilité d’une métaphilosophie. Dans son introduction, Roger Pouivet s’exprime comme suit :
« Ce livre est principalement une interrogation sur la meilleure façon de faire aujourd’hui de la philosophie. Mon opinion à ce sujet apparaîtra nettement, dans chacun des chapitres, et laissera entrevoir que je défends une conception fortement influencée par la philosophie analytique. Cependant, il ne s’agit nullement d’un manuel de philosophie interne à ce courant – ce qui existe déjà en français (2). Ce livre confronte les courants philosophiques, et tout particulièrement, les conceptions méthodologiques dont ils sont solidaires. Mais je suis incapable de cacher quelle voie me semble préférable et de faire comme si la question de la vérité, en philosophie, n’était pas toujours décisive. […]
Un terme résume l’ambition de ce livre : être une
métaphilosophie, c’est-à-dire une philosophie de la philosophie du XXe siècle et du XXIe siècle commençant. J’aurai réussi si l’étudiant, après avoir lu ce livre, est capable de reconnaître l’option méthodologique adoptée dans les livres qu’il lit, ou par les professeurs qu’il écoute, et cela, même si, ni les livres, ni les professeurs ne la précisent. Or s’ils l’adoptent, c’est qu’ils en ont délaissé d’autres, souvent sans le dire.
Le risque encouru dans un tel projet métaphilosophique, c’est de déplaire à tout le monde et plus particulièrement à tous ceux qui, enseignant la philosophie, verront peut-être d’un mauvais œil la prétention d’accompagner leur enseignement d’un métadiscours, proposant de le mettre en perspective. Il est possible que certains protagonistes de la philosophie contemporaine se sentent maltraités par la présentation faite d’eux, ou par celle des idées qu’ils affectionnent. La seule solution est d’encourager le lecteur à lire ce livre de façon critique, à s’engager lui-même dans les débats de la philosophie contemporaine. Pourquoi ne pas appliquer à cette métaphilosophie le traitement qu’elle applique aux autres ? J’encourage le lecteur à procéder ainsi. Surtout, j’ai tâché d’expliquer les enjeux et les intérêts des conceptions philosophiques contemporaines, même si elles me paraissent erronées, voire
intellectuellement nocives. » (pp. 14-16)
La prudence y est, mais la gageure est néanmoins tentée : planer par-dessus la discipline pour en révéler les vraies tensions. Cela rappelle un peu la façon dont certains marxistes – tel Georges Politzer – résumaient jadis l’histoire de la philosophie en un combat entre le matérialisme et l’idéalisme (ce dont n’a toujours pas guéri Michel Onfray).

Il est sans doute un peu vain de reprocher à Roger Pouivet de vouloir surmonter la discipline, tel le lucide parmi les lucides. Car la philosophie manifeste déjà elle-même cette tendance à la suprématie, discipline-reine à laquelle il reviendrait de dire la vérité des autres disciplines (3). Et cette vocation de la philosophie a pris au cours des dernières décennies un aspect nouveau. La philosophie fut longtemps caractérisée par un type de réflexions auquel se livraient des penseurs qui confondaient ce que nous distinguons aujourd’hui comme relevant d’un côté de la philosophie et de l’autre de la science. C’est au début du XVIIIe siècle, sans doute, que la philosophie va s’autonomiser quelque peu et c’est au début du XXe que philosophie et science vont pratiquement divorcer, même si depuis lors on assiste encore à des tentatives de conciliation. Mais ce qui a fondamentalement changé au cours des dernières décennies, c’est le rapport que la réflexion philosophique entretient avec l’opinion. Longtemps plus contemptrice qu’indifférente à l’égard de la doxa, la philosophie s’en est aujourd’hui faite la séductrice ou la complice.

Je regardais récemment l’émission télévisée Le Monde des Livres que Florence Noiville présente sur LCI (4) et j’y écoutais Raphaël Enthoven et Frédéric Worms présenter leurs deniers livres. « C’est vivre les yeux fermés que de vivre sans philosopher » aurait écrit Descartes (je n’ai pas vérifié), nous dit d’emblée Florence Noiville. Et puis, on entend notamment parler de la philosophie « comme manière de vivre » et « comme réponse aux besoins concrets » (dixit Worms), et aussi comme une involontaire « vision du monde » qui se fonderait sur le fait que « les apparences [seraient] moins trompeuses que le sentiment d’être trompé par elles » (dixit Enthoven). Franchement, je ne parviens à considérer que tout ce verbiage racoleur soit de la philosophie. Suis-je exagérément exigeant ? Qu’on me le dise.

Cela dit, soyons juste avec Roger Pouivet : son livre présente – au-delà de la hardiesse de l’entreprise – un intérêt qu’il puise dans la défense des préférences de son auteur, bien davantage que dans la comparaison des courants philosophiques. Encore le fait-il avec mesure et sans négliger de recenser les périls auxquels exposent ses propres choix. Personnellement, je perçois dans tout ça du bon et du moins bon. Lorsqu’il prend fait et cause pour l’importance de la vérité en philosophie, on ne peut que le suivre, me semble-t-il. « Le plaisir pris à se gausser de ceux qui ne sont pas parvenus à s’élever à un niveau de pensée supposé supérieur n’est pas non plus sans encourager des attitudes dans lesquelles le désir de vérité ne joue plus qu’un rôle mineur » (p. 247), écrit-il très justement. Par contre, sa défense de la logique me paraît un peu moins convaincante, en ce qu’elle méconnaît en quoi la pratique de la logique suggère les solutions qui se plient à ses exigences, tel l’enfant à qui on offre un marteau et qui juge aisément que tout mérite d’en recevoir un coup. Je suis encore beaucoup moins convaincu lorsqu’il prend fait et cause pour ce qu’il appelle le sens commun. Par cette expression, il vise plutôt le bon sens que l’opinion ; mais il s’en revendique pour oser affirmer des énormités du genre de : « Parménide déniait l’existence du changement » (p. 242).

Un regret en passant : qu’il est dommage que l’écriture de Pouivet soit si plate. Elle n’est même pas, hélas, exempte de fautes. Un exemple : « Si nos croyances sont involontaires et si nous ne saurions (sic) pratiquer un contrôle interne sur les caractéristiques épistémiques de nos états mentaux, alors nous devons bénéficier, pour connaître, d’une "chance épistémique". » (p. 193) Le conditionnel de la conjonction incorrectement réitéré dans le verbe conjugué : voilà qu’il est malaisé de pardonner !

(1) Roger Pouivet, Philosophie contemporaine, PUF ? Collection Licence Philo, 2008.
(2) Pascal Engel, Précis de philosophie analytique, PUF, 200.
(3) Sur cette tendance à la suprématie, il convient de lire ou relire ce que Pierre Bourdieu en a dit à bien des reprises.
(4) L’émission est visible à l’adresse Internet suivante : http://www.wat.tv/video/monde-livres-avec-raphael-1lpcb_16vy8_.html.

dimanche 21 juin 2009

Note d’opinion : Bourdieu et Lévi-Strauss

À propos d’une analogie

Dans la foulée de l’affaire Sokal, Jacques Bouveresse a publié en 1999 un petit livre intitulé Prodiges et vertiges de l’analogie (1) dans lequel il dénonçait l’usage analogique imprudent – pour ne pas dire impudent – de propositions mathématiques dans des domaines où elles n’ont aucune pertinence. Un exemple ? « Partant du théorème de Gödel, Debray conclut sans coup férir à la nature fondamentalement religieuse du lien social » (2). Ainsi, « du théorème de Gödel, Debray a tiré à certains moments des conséquences qui sont pour le moins étonnantes, comme par exemple le fait que "l’engendrement d’un individu par lui-même serait une opération biologiquement contradictoire", le fait qu’"il est rationnel qu’il y ait de l’irrationnel dans les groupes, car s’il n’y en avait pas, il n’y aurait pas de groupe" ou le fait qu’en vertu de l’incomplétude un ensemble (mais on croyait jusqu’ici que l’incomplétude avait trait à des systèmes formels, et non à des ensembles) ne peut s’auto-engendrer et être causa sui. Tout cela est peut-être vrai, mais n’a malheureusement aucun rapport, en tout cas aucun qui soit indiqué clairement, avec le théorème de Gödel. » (3) Je trouve l’indignation de Bouveresse tout à fait justifiée et je me demande comment celui qui se livre à ce genre d’imposture peut conserver une quelconque légitimité d’auteur.

Reste que l’analogie est une forme de ressemblance – qui suggère une idée de proportion – que l’on est facilement tenté d’invoquer, ne serait-ce qu’à titre d’hypothèse. Il s’agit là de s’interroger sur des choses différentes qui sont pourtant d’une manière ou d’une autre en relation et qui pourraient l’être selon des équivalences quelque peu proportionnelles.

Je vais me permettre d’évoquer une analogie qui me trotte dans la tête depuis longtemps, même si je n’ai encore que peu de choses – je dois l’avouer d’emblée – qui m’autorisent à la croire fondée. Cette analogie, rien que par jeu, je peux la présenter sous une forme qui a une allure arithmétique : s’il y a une comparaison possible, marquée par certaines différences, entre Pierre Bourdieu et Claude Lévi-Strauss, quel serait l’auteur avec lequel Pascal pourrait être comparé, de telle sorte que des différences présentant une certaine similitude avec celles-là apparaissent ? Réponse : Montaigne. Autrement dit, Bourdieu serait d’une certaine manière à Lévi-Strauss ce que Pascal a été à Montaigne. Ou encore : la quatrième proportionnelle d’un tableau où seraient déjà inscrits Bourdieu, Lévi-Strauss et Pascal est Montaigne. Mais c’est déjà là une formulation effrontée. Et serait bien sûr totalement incongrue l’affirmation que diviser le produit de Lévi-Strauss et Pascal par Bourdieu donne Montaigne.

Qu’est-ce qui m’a mis sur la voie de cette analogie ? Bien des choses, mais peut-être avant tout leurs façons à tous quatre d’accepter la vie. Montaigne et Lévi-Strauss sont conscients que la vie n’a pas de sens, que l’homme est insignifiant et que l’être est incompréhensible, mais ils en prennent tous deux leur parti, conservant une quiétude en grande partie fondée sur les satisfactions sensibles. Alors que, de leur côté, Pascal et Bourdieu mesurent bien la misère de l’homme, mais ils enragent d’y porter remède. On me dira que ce type d’analogie n’est pas spécifique à ces quatre penseurs. Assurément. Mais le fait est que Montaigne est une importante référence dans la pensée de Lévi-Strauss (4) et que Bourdieu a placé celles de ses réflexions sans doute les plus importantes sous l’égide de Pascal (5). À quoi s’ajoute que j’éprouve personnellement un intérêt très vif pour ces quatre auteurs et pour l’évolution des idées aux époques qu’ils connurent.

Qu’on me comprenne bien, cette analogie n’est en aucune façon pour moi une thèse, démontrée ou à démontrer. Elle n’est qu’une manière de stimuler l’étude de ces auteurs, le résultat pouvant bien sûr en démentir le bien-fondé, et même – plus vraisemblablement – lui être parfaitement étranger.

On peut par exemple s’amuser à tenter un parallèle entre ce que la foi représente pour chacun des quatre. De l’athéisme paisible de Lévi-Strauss, on peut peut-être rapprocher le catholicisme conventionnel de Montaigne ; et face à la foi militante de Bourdieu, pour lui salvatrice en quelque sorte, comment ne pas penser au credo en Jésus de Pascal ? Les thèmes sont sans doute nombreux qui incitent à ce genre d’exercice. Mais il faut bien sûr en mesurer les limites. Et ne pas omettre de se livrer à des recherches opposées, celles aptes à ruiner l’analogie. Ainsi, le rapport au savoir de Pascal laisse-t-il peut-être apparaître davantage de points communs avec Lévi-Strauss qu’avec Bourdieu.

Si cette analogie a retenu mon attention, c’est aussi et surtout parce que ces quatre penseurs ont tous eu à affronter, chacun à leur époque, une pensée contrariante et sentencieuse. Je pense à Descartes bien sûr, qui – sans vergogne – doute une fois, une bonne fois, pour ne plus y revenir, et fonde une démarche péremptoire que beaucoup encore aujourd’hui assimile à celle de la science (6). Et Bourdieu et Lévi-Strauss n’ont pas moins dû souffrir les déconstructionnistes, que Judith Butler et Avital Ronell – du haut de leur French Theory américaine – regardent comme des parangons de lucidité.

Mais déjà, peut-être, l’analogie m’emporte et me trompe. Je dois la museler ; je la muselle. Encore que sous la muselière, je l’entends qui gronde encore…

(1) Jacques Bouveresse, Prodiges et vertiges de l’analogie. De l’abus des belles lettres dans la pensée, Raisons d’agir, 1999.
(2) Ibid., p. 13-14.
(3) Ibid., p. 27.
(4) Cf. notamment Claude Lévi-Strauss, Histoire de Lynx, Plon, 1991, pp. 277-297.
(5) Cf. Pierre Bourdieu, Méditations pascaliennes, Seuil, Collection Liber, 1997.
(6) Oublierait-on que dans la querelle du vide, c’est Pascal qui avait raison ?

Autres notes sur Bourdieu :
Critique de Pierre Bourdieu de Verdrager
Le chapitre "Les fondements historiques de la raison" des Méditations pascaliennes
L’ordre du discours de Foucault et La leçon sur la leçon
"Avant-propos" in Les règles de l’art
Sur l’État - Première note
Sur l’État - Deuxième note
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Sur l’État - Quatrième note
Bourdieu, Pascal, la philosophie et l’“illusion scolastique” de Jacques Bouveresse Manet. Une révolution symbolique
À propos du désarroi de Pierre Bourdieu.
À propos de Bourdieu et de Finkielkraut


Autres notes sur Lévi-Strauss :
Claude Lévi-Strauss
Lévi-Strauss, le passage du Nord-Ouest d’Imbert
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...ce que nous apprend la civilisation japonaise
L’autre face de la lune
Trois des Entretiens avec Claude Lévi-Strauss de Georges Charbonnier
Lévi-Strauss de Loyer
De Montaigne à Montaigne
La pensée sauvage
Correspondance 1942 - 1982 avec Jakobson

dimanche 14 juin 2009

Note de lecture : Bernard Sève

Montaigne. Des règles pour l’esprit
de Bernard Sève


Le livre que Bernard Sève a publié en 2007 sur Montaigne (1) me paraît devoir faire date, au même titre qu’avait fait date en 1982 le livre de Jean Starobinski, Montaigne en mouvement (2). Et pourtant, il en est bien différent. À l’approche très psychologisante – pour ne pas dire psychanalysante – de Starobinski, à son style quelque peu plantureux, à son cheminement feutré, Bernard Sève offre le contraste d’un propos méthodiquement structuré et logiquement démonstratif, quelque chose de presque aristotélicien. Ce qui peut sembler paradoxal, quand on sait – comme un ami me le faisait encore récemment remarquer – combien Montaigne tourne volontiers Aristote en dérision. Sève est bien conscient de ce paradoxe ; il s’en explique dans le chapitre qu’il consacre à l’art montanien de conférer. « Cet art, comme tout art, a ses règles. La critique, persuadée que le style gambadant de Montaigne ne saurait faire bon ménage avec la détermination de règles, et surtout soucieuse d’examiner la dimension rhétorique et littéraire du chapitre [De l’art de conférer, III, 8], s’y est peu attachée », écrit-il. Et il ajoute : « Il peut paraître déplacé de vouloir […] soumettre ainsi le texte de Montaigne à un carcan scolastique qu’il refuse.[…] Extraire des règles de ce chapitre, n’est-ce pas en briser le mouvement et en méconnaître l’intention ? Nous ne le pensons pas, si l’on prend la précaution, les règles une fois envisagées à part, de retourner au texte pour les ré-inscrire dans la dynamique de son mouvement. » (p. 230-231) Et, serrant les dents en quelque sorte, Bernard Sève avertit en bas de page : « Assumant notre classification jusqu’au bout, nous indiquons entre crochets carrés un numéro d’ordre pour chacune des neuf règles que nous identifions. » (note p. 231) Il ne se prive d’ailleurs pas, tout au long de son livre, de dénombrer les règles (p. 179 à 254) , les moments (p. 280), les aspects (p. 316), les thèses même (p. 318), ce qui, il faut bien en convenir, jette sur l’œuvre une clarté à laquelle tout lecteur de Montaigne aspire, mais une clarté également dont l’œuvre elle-même nous incite à nous méfier.

Je ne cacherai pas mon admiration pour le travail réalisé par Bernard Sève, un travail immense de mise en concordance des textes, doublé d’une érudition sans ostentation. Il a en outre un sens aigu de l’argumentation adaptée aux problèmes qu’il soulève, qui fait de son livre un vrai régal. Je n’en suis pas pour autant en mesure d’accepter tout ce qu’il dit. Il cultive notamment un souci de découvrir un Montaigne moins sceptique qu’on le croit généralement qui – me semble-t-il – appauvrit son analyse là où il croit pourtant l’enrichir. Un mot d’explication à ce sujet s’impose ; j’y viendrai dès que j’aurai évoqué l’approche de Montaigne que Bernard Sève nous présente, car sa définition du scepticisme y joue un rôle non négligeable.

L’idée principale de Bernard Sève, c’est que Montaigne est un philosophe technique qui sait où il va et dont l’œuvre est structurée de telle sorte qu’elle dit davantage dans son entier que dans chacune de ses parties. Les Essais seraient donc une œuvre qui contient une philosophie complète, ordonnée et conséquente. On connaît cette habitude très répandue qui consiste à prétendre, dès qu’on évoque Montaigne, qu’il pense « à sauts et à gambades », comme si sa pensée refusait tout sens constant, tout enchaînement, toute persévérance. Sève renverse cette critique « molle » et avance non sans impétuosité sur la voie de ce qui se rapproche presque d’un système (3).

Quand on lit Montaigne, on ne peut pas ne pas être frappé par une sorte de contraste entre la puissance, la fulgurance, de certaines phrases et l’apparent enchevêtrement des propos et des chapitres. Il y a des phrases qui, à elles seules, semblent peser ce que pèse toute une philosophie, et, en même temps, le fil du discours – s’il y en a un – est malaisé à suivre. Personnellement, je pense que c’est bien comme cela qu’il faut lire Montaigne. Et surtout ne pas forcer le sens pour faire naître un système. Mais cela n’empêche nullement de constater que toutes ces philosophies réunies, toutes ces phrases accolées, aboutissent à une conception, non exposée, qui correspond à un message, un message qu’il est possible de décrypter. Bernard Sève a formé le projet de nous livrer ce message.

Le premier obstacle qu’il rencontre dans son entreprise porte sur le style de Montaigne. Pourquoi Montaigne écrit-il de cette façon ? Pourquoi n’est-il pas plus explicite ?

C’est, nous dit Bernard Sève, parce que Montaigne ne nous parle qu’« à demi ». Ici, il faut citer Montaigne lui-même : Livre III, chapitre IX, "De la vanité" (Il parle de sa façon d’écrire) : « Par ce que la coupure si frequente des chapitres, dequoy j'usoy au commencement, m'a semblé rompre l'attention, avant qu'elle soit née et la dissoudre : dedaignant s'y coucher pour si peu, et se recueillir : je me suis mis à les faire plus longs : qui requierent de la proposition et du loisir assigné. En telle occupation, à qui on ne veut donner une seule heure, on ne veut rien donner. Et ne fait on rien pour celuy, pour qui on ne fait, qu'autre chose faisant. Joint, qu'à l'adventure ay-je quelque obligation particuliere, à ne dire qu'à demy, à dire confusement, à dire discordamment. » Il se sent obligé de ne dire qu’à demi, que confusément, que discordamment. Pourquoi ? C’est que, s’il fait la moitié du chemin, le lecteur doit faire l’autre moitié. Citons-le encore : Livre III, chapitre XIII, "De l’expérience" : « Ce n'est rien que foiblesse particuliere, qui nous faict contenter de ce que d'autres, ou que nous-mesmes avous trouvé en cette chasse de cognoissance : un plus habile ne s'en contentera pas. Il y a tousjours place pour un suivant, ouy et pour nous mesmes, et route par ailleurs. […] Ce que declaroit assez Apollo, parlant tousjours à nous doublement, obscurement et obliquement : ne nous repaissant pas, mais nous amusant et embesongnant. C'est un mouvement irregulier, perpetuel, sans patron et sans but. Ses inventions s'eschauffent, se suivent, et s'entreproduisent l'une l'autre. » Voilà qui est dit : se contenter de soi, c’est vivre à demi. Il faut écouter l’autre, il faut débattre, et il faut laisser à l’autre de quoi débattre, donc préférer dire à demi, tel Apollon. Ah mais c’est que l’absence de système, l’absence de plan, le refus d’être continûment explicite, c’est de méthode, c’est voulu, c’est choisi. Montaigne est dialogique (là où Descartes par exemple – Descartes dans son poêle –, est monologique). Il veut la conversation, il veut le débat, il veut la confrontation. Pour son profit. Encore une citation : Livre III, chapitre VIII, "De l’art de conférer" : « Je me sens bien plus fier, de la victoire que je gaigne sur moy, quand en l’ardeur mesme du combat, je me faits plier soubs la force de la raison de mon adversaire : que je ne me sens gré, de la victoire que je gaigne sur luy, par sa foiblesse. »

Il y a une autre raison pour laquelle Montaigne écrit comme il le fait. Sève en parle peu, si ce n’est de façon incidente. Elle est pourtant, me semble-t-il, extrêmement importante. C’est le fait que Montaigne remballe la philosophie, celle des dialecticiens et des scolastiques, celle qui ne jure que par Aristote ou Thomas d’Aquin, celle qui pratique la disputatio selon les règles canoniques du genre. En cela, Montaigne n’est certainement pas conservateur ; il invente bien au contraire une façon nouvelle d’argumenter.

Mais revenons à son souhait de dialoguer, de converser ; d’où provient-il ? Pour Bernard Sève, tout le problème vient de l’esprit, l’esprit humain. On le croit prodigieux, puissant, fiable ; en fait, pour Montaigne, il est surtout fertile, volubile, inventif, crédule. Autrement dit, l’esprit humain est fou. Il est déréglé (au sens de sans règles, pas au sens de sorti de ses règles). Il est déréglé ; il est violent.

Cette folie de l’esprit peut valoir à l’homme le meilleur comme le pire. Le meilleur, c’est par exemple l’amitié ou la poésie. Le pire, c’est par exemple ceci : Livre II, chapitre XI, "De la cruauté" : « À peine me pouvais-je persuader, avant que je l'eusse vu, qu'il se fût trouvé des âmes si monstrueuses, qui, pour le seul plaisir du meurtre, le voulussent commettre : hacher et détrancher les membres d'autrui; aiguiser leur esprit à inventer des tourments inusités et des morts nouvelles, sans inimitié, sans profit, et pour cette seule fin de jouir du plaisant spectacle des gestes et mouvements pitoyables, des gémissements et voix lamentables d'un homme mourant en angoisse. »

Si donc on laisse aller son esprit, au gré de son inventivité, on peut par exemple enfanter ce qu’enfantent les philosophes : des théories arbitraires qui se donnent une allure de vérité mais qui, en fait, ne nous aident guère à démêler le vrai du faux.

Il faut donc guider l’esprit, lui assigner des règles, le contraindre.

Pour ce faire, il y a la raison, cette faculté d’enchaîner causes et effets dans un rapport de nécessité. Mais la raison est faible. Elle se laisse facilement dévoyer, quand elle ne se prend pas à son propre jeu. Les philosophes s’en servent pour étayer leurs théories ou leurs croyances, ce qui ne la grandit pas. Il suffit de voir à quoi aboutit la Théologie naturelle de Raymond Sebond, que Montaigne, en prétendant ironiquement en faire l’apologie, démolit complètement. Ainsi : Livre II, chapitre XII, "Apologie de Raymond Sebond" : « Qui ne sçait combien est imperceptible le voisinage d'entre la folie avec les gaillardes elevations d'un esprit libre ; et les effects d'une vertu supreme et extraordinaire ? » Alors, il faut se résoudre à guider la raison elle-même, en même temps que l’esprit.

Selon Bernard Sève, en balayant l’ensemble de l’œuvre, on aperçoit dans les Essais trois guides possibles, trois guides sur lesquels peut s’appuyer une démarche de maîtrise de l’esprit, trois guides de nature d’ailleurs très différente : la coutume, le corps et la conférence.

La coutume, d’abord.

On sait combien Montaigne est attaché à la coutume. Il suffit pour s’en convaincre de lire le chapitre XXIII du livre I : "De la coutume et de ne changer aisément une loi reçue". Le plus souvent, on attribue cette inclination à son scepticisme. Et on cite volontiers le dixième trope d’Énésidème pour justifier cet attentisme.

Mais il y a une autre raison – nous dit Bernard Sève – qui conduit Montaigne à favoriser le respect de la coutume. C’est que celle-ci fixe l’esprit, qu’elle endigue sa violence. N’oublions pas que Montaigne vit les guerres de religion et qu’il voit la déraison envahir les esprits suite au désir de certains de réformer les croyances et les lois.

Le corps, ensuite.

Au début du Phédon, alors que Socrate fait dire à Simmias ce qu’est un vrai philosophe, il lui suggère ceci. Je cite (4) : « D’une façon générale donc, reprit Socrate, ton avis est que les préoccupations d’un pareil homme n’ont pas le corps pour objet, mais que, au contraire, elles s’en écartent pour autant qu’il le peut, et qu’elle se tournent vers l’âme. » (5) Pour Platon, sinon pour Socrate, l’âme est tout, le corps n’est rien.

Montaigne opère, selon Sève, un renversement complet de cette perspective. Le corps pour lui n’est pas fou comme l’est l’esprit. Il est même de bon conseil, car il est plein d’une sagesse implicite. Ainsi : Livre III, chapitre X, "De ménager sa volonté" (il parle d’abord de l’esprit) : « L’agir simplement lui coûte si peu, qu’en dormant même il agit. Mais il lui faut donner le branle avec discrétion ; car le corps reçoit les charges qu’on lui met sus, justement selon qu’elles sont ; l’esprit les étend et les appesantit souvent à ses dépens, leur donnant la mesure que bon lui semble. » Formidable idée, si bien dite : au-delà d’un certain poids, le corps refuse une charge ; quelle qu’en soit la densité, l’esprit accueille toutes les idées. De là l’importance que Montaigne accorde à ce qu’il appelle « la couture » entre le corps et l’âme.

Enfin, troisième guide : la conférence.

Le débat, avec soi-même d’abord, avec les autres surtout, voilà le guide principal qui peut forcer la raison à intervenir avec mesure et l’esprit à se contraindre. Et Bernard Sève d’identifier neuf règles qui encadreraient l’art de conférer.
1. « La règle principale exclut de la conférence toute parole dominatrice et donc toute parole dominée. » (p. 231)
2. « Un deuxième type d’exclusion concerne les personnes à l’"esprit mal rangé" » (p. 233)
3. « Une troisième règle négative pose l’exclusion non de certaines personnes (les grands, les esprits faux), mais de certains procédés : l’injure adressée à l’interlocuteur, le mépris affecté, la digression […], "la bêtise et opiniâtreté de leurs allégations, excuses et défenses, ânières et brutales" […], tous les procédés de ce que la langue classique appelle "défaite" » (p. 233)
4. « […] l’obligation de ne pas mentir » (p. 234)
5. « […] il ne suffit pas de ne pas mentir ou même de dire la vérité, il faut la dire d’une façon ouverte et gaie » (p. 235)
6. « […] nous n’avons pas à censurer a priori quelque pensée que ce soit » et « il serait assez naïf de s’étonner de quelque fantaisie que ce soit. » (p. 236-237)
7. « La règle suivante concerne la disposition à la réfutation » ; « Montaigne se dit heureux d’être réfuté. » (p. 237)
8. « L’art de conférer c’est d’abord l’art de respecter l’ordre dans le discours. » (p. 238)
9. « Évaluer la compétence "discutationnelle" de l’interlocuteur » (p. 240).

Je suis admiratif devant l’effort consenti par Bernard Sève pour isoler ces neuf règles, dont aucune – il faut le dire – n’est absente, dans sa résolution, de l’œuvre de Montaigne. Je suis en même temps un peu effrayé par le côté décalogique de cette énumération, peu conforme à la manière de s’exprimer de Montaigne et susceptible, par conséquent, d’être comprise comme un lot de recettes. Sève – il faut en convenir – est conscient du danger et multiplie les appels à lire les Essais comme une pensée qui, dans sa forme comme dans son fond, se veut exemplative et non dogmatique ; ainsi lorsqu’il insiste sur ce qu’il appelle une « pensée retenue » (pp. 308-309)

Désireux de ne pas allonger exagérément la présente note, je ne dirai rien – sinon combien elles sont passionnantes dans leur subtilité – sur les considérations que Bernard Sève émet en outre sur les « thèses » de Montaigne, sur la temporalité dans son œuvre, sur sa générosité, sur son indifférence. Et je voudrais revenir à la question du scepticisme.

Qu’on me comprenne bien : il m’est bien sûr assez indifférent de savoir s’il faut qualifier Montaigne de sceptique, d’épicurien, voire de stoïcien. L’enjeu du débat n’est pas là. Mais insister comme le fait Bernard Sève sur « l’en-deçà » et « l’au-delà du scepticisme » (cf. p. 351) de Montaigne, c’est laisser croire que la vigilance à l’égard de l’exactitude des assertions, comme à l’égard de la réalité des faits, pourrait mettre bas les armes, dès lors que l’absence d’artifice garantirait la justesse du jugement (en-deçà) ou que la maîtrise de l’esprit en rendrait l’exercice inutile (au-delà). Sève est explicite sur ce point : « Un esprit tenu en lisière par le respect des lois de nature, ou un esprit réglé de lui-même, vivent et pensent hors de la situation de problème dans laquelle le scepticisme se présente comme étant la moins mauvaise solution : de tels esprits n’ont pas besoin du scepticisme. » (p. 15)

Selon Sève, Montaigne ne serait pas continûment sceptique. C’est l’esprit déréglé « qu’il faudra bien régler d’une manière ou d’une autre […] qui trouble le monde et produit, entre autre, la "situation sceptique" » (p. 102) Donc, le « scepticisme est […] un remède local à l’opiniâtreté. » (p. 173) Plus catégorique encore, Bernard Sève écrit : « Montaigne n’"est" pas sceptique, parce qu’il ne l’est que quand il lui plaît, parfois seulement, et à sa manière. » (p. 352) Et s’il l’est, ce « scepticisme plutarquien est "impur", au sens logique de ce terme, contrairement au scepticisme strict de Sextus. » (p. 354)

On trouve dans Montaigne. Des règles pour l’esprit bien des exemples de propos montaniens que Bernard Sève déclare non sceptiques. Ainsi : « Loin de tout scepticisme, Montaigne affirme […] une thèse audacieuse : "Rien n’est que selon elle [la nature], quel qu’il soit" » (p. 302) Et bien des opinions sont décrétés non sceptiques. « Devant la torture, écrit Sève, l’ethnocide des civilisations précolombiennes et les massacres de masse liés à cet ethnocide, la cruauté des guerres civiles et des guerres de religion, le sceptique le plus résolu, à supposer que le qualificatif de sceptique soit suffisant à appréhender le cœur de la pensée de Montaigne, aurait mauvais cœur à douter et à maintenir son âme en suspens. » (p. 287) Les « gros concepts » de Montaigne, à l’inverse des petits, ne seraient pas sceptiques (cf. p. 265) et la conférence elle-même serait plus « discutationnelle » que sceptique (cf. p. 258).

Bien sûr, nul n’osera affirmer que le scepticisme de Montaigne est celui de Pyrrhon ou de Sextus Empiricus, ni même celui des néo-académiciens. Sève en est bien conscient et il cite d’ailleurs Montaigne qui raille l’image d’un Pyrrhon aussi « pur » que le voudrait Marcel Conche (6) : « "Je ne puis pas bien assortir à ce discours ce qu’on dit de Pyrrhon. Ils le peignent stupide et immobile, prenant un train de vie farouche et inassociable, attendant le heurt des charrettes, se présentant aux précipices, refusant de s’accommoder aux lois. Cela est enchérir sur sa discipline [doctrine]. Il n’a pas voulu se faire pierre ou souche." » (p. 338) Reste que, lorsqu’il prétend Montaigne non sceptique, la référence de Sève est bien le sceptique grec, celui qui « prend plaisir à relever les contradictions des coutumes et prône de vivre selon ces mêmes coutumes », celui surtout pour qui la « diversité des coutumes [le] conduit […] à suspendre son jugement sur la nature et les critères du "bon" et du "mauvais", à vivre donc sans opinion » (p. 186).

L’enjeu de tout ceci n’est assurément pas de savoir s’il est légitime d’accoler tel ou tel qualificatif – sceptique en l’occurrence – au nom de Montaigne. C’est en fait de cerner ce que le doute sceptique, tel que Montaigne en use, peut apporter à l’ambition que Sève définit dans les derniers mots de son livre comme celle « de devenir meilleurs » (p. 367). Oui, le scepticisme de Montaigne s’inscrit dans la voie ouverte par Plutarque ; oui, c’est un scepticisme qui ne refuse pas d’affirmer, lorsque les garanties qu’offre sa vigilance restent sauvegardées ; oui, c’est un scepticisme impur, mais d’une impureté qui – comme le dit Sève lui-même – « est celle de la vie » (p. 354). Il y a donc – je crois – quelque chose de dangereux à définir des zones en-deçà et au-delà, car elles ne peuvent qu’incliner au dogmatisme. Claude Lévi-Strauss a très justement écrit que, « s’il fallait régler sur ce scepticisme radical [celui de Montaigne] toutes nos pensées et tous nos actes, il deviendrait impossible de vivre. Un scepticisme conséquent ne pourrait mener qu’au suicide ou au plus farouche ascétisme, s’il ne se heurtait à une constatation empirique : sans avoir besoin de les justifier d’autre façon, l’homme trouve des satisfactions sensibles à vivre comme si la vie avait un sens, bien que la sincérité intellectuelle assure qu’il n’en est rien. » (7)

Ce que j’objecte ici à Bernard Sève (8), je le fais dans l’esprit de la conférence montanienne. Et je n’en changerai pas pour autant le jugement totalement admiratif qui est le mien à l’égard de son livre, un livre qui donne à la lecture de Montaigne une saveur nouvelle encore, si tant est qu’il en ait besoin.

(1) Bernard Sève, Montaigne. Des règles pour l’esprit, PUF, « Philosophie d’aujourd’hui », 2007.
(2) Jean Starobinski, Montaigne en mouvement, Gallimard, 1982.
(3) Bernard Sève s’explique assez longuement sur le côté systématique ou non de Montaigne, et surtout sur la présence ou l’absence de thèses dans son œuvre (cf. notamment pp. 257-290). Dans ces explications, j’aperçois davantage un contre-pied qu’une avancée dans l’analyse.
(4) C’est en fait Bernard Sève qui cite ce passage de Platon lors de l’exposé qu’il a fait le 9 avril 2009 (voir la note en bas de page n° 8)
(5) Platon, Œuvres complètes, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 1950, p. 775.
(6) Marcel Conche, Pyrrhon ou l’apparence, PUF, Perspectives critiques, 1994.
(7) Claude Lévi-Strauss, Histoire de Lynx, Plon, 1991, pp. 286-287.
(8) Pour ceux qui le connaîtraient mal, Internet offre la possibilité d’en savoir un peu plus sur Bernard Sève. À l’adresse suivante, http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=2349#, on trouvera une vidéo de l’exposé qu’il a fait le 9 avril 2009 lors de la semaine de la Renaissance au sujet du livre ici commenté. A cette adresse-là http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/file/pascal_seve.pdf, figure le texte d’un livre qu’il a publié en 1996 chez Hatier et intitulé Pensées (sur la religion). Pascal.

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