lundi 13 juin 2011

Note de lecture : Carlo Ginzburg

« Montaigne, les cannibales et les grottes »
in Le fil et les traces. Vrai faux fictif
de Carlo Ginzburg


Lire Carlo Ginzburg réclame beaucoup d’attention ; l’écouter aussi, d’ailleurs (1). Cela tient au fait qu’il expose sa pensée d’une façon conforme à ses options méthodologiques, c’est-à-dire en livrant des traces. Ce qui réclame que l’on conserve toujours en tête la raison d’être – toujours très précise – des exemples qu’il fournit, même et surtout lorsque ceux-ci, à force de considérations aussi complexes qu’érudites, vous poussent à en oublier l’utilité.

L’article « Montaigne, Cannibals and Grottoes » de Carlo Ginzburg a été publié en 1993 dans le numéro 6 de la revue History and Anthropology (pp. 125-155). Il forme le troisième chapitre de Le fil et les traces, publié en français en 2006 (2). Cet article est éminemment intéressant.

Lorsqu’on s’intéresse à Montaigne, qu’on cherche à comprendre ses Essais, il importe de ne pas se fier à sa propre lecture et surtout de ne pas négliger les éclairages divers que peuvent fournir de l’œuvre des esprits qui exercent leur sens critique dans des domaines aussi variés que possible. Ainsi, les rapprochements qu’opère Géralde Nakam (3) entre les grands événements politiques du XVIe siècle – sur lesquels Montaigne dit peu, sinon rien (pensons à la Saint-Barthélemy) – et l’écriture des Essais fournissent de très précieux renseignements sur le sens qu’il convient de donner à telle ou telle idée qui y est avancée. Avec Carlo Ginzburg, lui aussi historien, l’angle d’attaque est différent. Car c’est au contraire à l’histoire la plus quotidienne, la plus individuelle aussi – la micro-histoire comme on dit quelquefois – que l’on a affaire.

Avant toute chose, il est peut-être utile de préciser un peu comment Carlo Ginzburg travaille. Il est évidemment connu comme un historien qui s’est attaché à contrecarrer le discours de ceux qu’il appelle lui-même les néo-sceptiques. De quoi s’agit-il ?

Ce qui est en cause, c’est le mouvement qui, au cours des cinquante dernières années, a conduit la philosophie et les sciences sociales a déconstruire le savoir. Le terme de déconstruction recouvre évidemment des choses assez différentes et il est sûrement imprudent d’en user de façon aussi générale et aussi floue (4). Reste que, aussi divers fût-il, c’est sans doute ce mouvement – un mouvement qui était mû par l’idée que la vigilance méthodologique exigeait de traquer tout ce qui pouvait, au sein même des démarches les plus contrôlées, biaiser les résultats de la recherche –, qui a nourri l’idée que le savoir était impossible et a ainsi inspiré ceux-là qu’on appelle néo-sceptiques. On connaît les errements les plus graves de certains de ces néo-sceptiques – pas de tous assurément – : primat de l’action sur la réflexion, valorisation du discours commun, égalitarisme nivélateur, contestation des pouvoirs heuristiques de la science, affirmation de vérités multiples, etc. Voilà, en deux mots, les plus caricaturaux de ceux contre les idées de qui Ginzburg jugea utile de réagir. Comment ?

Bien qu’il répugne à théoriser les méthodes, il ressort clairement de son œuvre que Carlo Ginzburg s’attache souvent à rechercher les particularités d’un cas, d’une biographie, d’un écrit, d’un écrit sur un écrit, de telle sorte que l’ensemble des traces mises en évidence (telles les traces laissées par le gibier traqué) mettent sur la piste d’explications que l’histoire traditionnelle ignore. Malgré tous les obstacles qui s’opposent à ce que la vérité du passé puisse être révélée, il reste possible selon lui de rassembler des indices – comme ceux auxquels un détective se fie pour retrouver un assassin – qui autorisent sinon d’accéder à la vérité, du moins de la cerner en écartant un maximum d’erreurs. Ce qui ne doit pas être compris comme une manière de s’enfoncer dans l’objet de recherche jusqu’à ne plus voir que lui. Au contraire, même si les détails étudiés sont secondaires, ténus, apparemment insignifiants, il importe de les aborder avec distance, une distance que le passé impose, mais qui est tout aussi nécessaire lorsqu’il s’agit du présent. « Pour comprendre le présent, nous devons apprendre à le regarder en oblique. Ou alors, si nous préférons utiliser une autre métaphore : nous devons apprendre à regarder le présent en le mettant à distance, comme si nous l’examinions à travers une longue-vue renversée. Au terme de cette opération, l’actualité apparaîtra sous un jour nouveau, mais dans un contexte différent, inattendu. » (5)

Pour que puissent être mesurés certains des enjeux que recèle la méthode, je voudrais citer Martin Rueff (6), le traducteur de Ginzburg, alors qu’il évoque la méthode des cas :
« Rien n’est plus étranger à Carlo Ginzburg que l’idée selon laquelle le cas vaudrait en soi, comme une merveille pour un cabinet d’amateurs. Le paradigme indiciaire ne correspond pas au goût du fragment, à la prédilection pour le détail, aux privilèges de la rareté. En ce sens, il faudrait l’opposer au goût du rare chez Foucault, mis en évidence par Veyne, ou au privilège de l’exception chez Agamben – et c’est bien de ce dernier surtout qu’il faudrait le distinguer, car leur proximité apparente (l’importance respective que revêtent dans leur œuvre les thèses de Benjamin et celles de Warburg) cachent des différences profondes.
Si le paradigme offre à Foucault le lieu rare d’où écrire l’histoire, Giorgio Agamben fait un usage paradigmatique de l’exception. Chez Agamben, l’exception indique le lieu où tout dispositif dévoile sa structure profonde. En effet, pour Agamben, ce qui fait preuve, c’est toujours l’exception. Le lieu où un dispositif se dénude et, en se dénudant expose sa pureté authentique, ce lieu constitue l’exception qui ne confirme pas la règle mais qui permet d’en offrir une nouvelle interprétation.
Or le cas chez Ginzburg fonctionne différemment et cette différence doit être construite – la manière dont Ginzburg risque la généralisation à partir du cas s’opposant à la manière dont Agamben atteint l’exposition pure du paradigme à partir de l’exception. Tout se passe comme si le cas était un point de départ chez l’un et l’exception un point d’arrivée chez l’autre.
Le paradigme indiciaire suppose que la généralisation ne passe pas forcément par le cas moyen ou par le cas normal, mais au contraire par le cas dans sa singularité différenciée. En quel sens ? Quand les historiens partent des cas moyens pour généraliser ils commettent une erreur de méthode : ils partent de ce qu’ils ont sous les yeux sans comprendre que cette documentation est déjà l’effet d’une construction et que ce qu’ils prennent pour un objet naturel est déjà le produit d’une objectivation.
[…]
Ginzburg a une hypothèse sur ce qui fait l’identité d’un individu :

"Je proposerais de considérer un individu comme le point d’intersection d’une série d’ensembles différents qui ont chacun des dimensions variables. Un individu appartient à une espèce animale (homo sapiens sapiens), à un genre sexuel, à une communauté linguistique, politique, professionnelle et ainsi de suite… […] L’historien doit partir de l’hypothèse que chez tout individu quel qu’il soit, et même le plus anormal (et peut-être tout individu l’est-il, ou du moins peut-il apparaître comme tel) coexistent des éléments plus ou moins généralisables. L’anomalie sera le résultat des réactions réciproques entre tous ces éléments. Ainsi, parler d’anomalie de manière absolue n’a aucun sens." (7)


L’anomalie n’est pas la différence dans la série (ce qui ferait du cas une exception), mais la différence produite à l’intersection des séries.
» (8)

Venons-en à présent à l’article de Carlo Ginzburg intitulé « Montaigne, les cannibales et les grottes ». Et pour cela, replongeons-nous un instant dans le chapitre XXX du Livre I des Essais de Montaigne (9). Dans ce chapitre, on trouve une idée principale ramassée aujourd’hui dans l’expression relativisme culturel. Montaigne s’y interroge en effet sur la notion de barbarie : « je trouve, écrit-il à propos des Tupis, […] qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté : sinon que chacun appelle barbarie, ce qui n’est pas de son usage. » (10) Il convient pourtant d’être très prudent lorsqu’on évoque le relativisme culturel à ce propos. Car, non seulement en usant d’un concept récent comme celui-là l’anachronisme nous menace, mais surtout Montaigne lui-même en parle en des termes qui méritent d’être approfondis. Ainsi, par exemple, que comprendre de la phrase suivante qui suit des précisions au sujet de la façon dont les Tupis font la guerre – « Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu esgard aux regles de la raison, mais non pas eu esgard à nous, qui les surpassons en toutes sortes de barbarie » (11) – sinon que la raison universelle, juge suprême, condamne toute les formes de guerre, davantage pourtant celles de l’ancien monde que celles du nouveau. Ne serait-on pas là plus proche de Kant que de Lévi-Strauss ? Fragiles conjectures ! De fragiles conjectures que Carlo Ginzburg pourrait nous aider à dépasser, lui qui, parlant de Montaigne, précise d’emblée : « Nous devons essayer de l’aborder en partant de ses catégories, non des nôtres. » (p. 81)

Une articulation qui intrigue Ginzburg, c’est celle que Montaigne fait – non seulement dans le chapitre XXX du Livre I, mais aussi dans son chapitre XXXVI – entre l’âge d’or, la nudité et la liberté. Et il nous guide, pour construire l’hypothèse d’une origine, vers l’Aminte, le drame pastoral du Tasse, un Tasse dont Montaigne dit tant de bien (12). De plusieurs recoupements, il déduit que Montaigne n’a pas pu lire l’Aminte, pas plus que le Tasse n’a lu les Essais. « Les analogies entre les deux textes doivent donc être rapportées à un thème répandu. » (p. 85) Ginzburg en voit une trace dans le triomphe de la nudité et de l’amour libre qui figure dans une traduction d’Ovide publiée en 1557, La métamorphose d’Ovide figurée, traduction illustrée par un graveur lyonnais, Bernard Salomon. Or, la représentation de l’âge d’or où s’étale ce triomphe est encadrée de grotesques. Et Ginzburg, par un jeu de va-et-vient, explore alors le goût que manifeste Montaigne pour ce style décoratif et architectural dont les prémisses ont coïncidé avec la découverte, fin du XVe siècle, de la Domus aurea, l’ancienne propriété de Néron. S’ensuit une sorte d’excursion dans le Journal de voyage en Italie et sur ce qu’on y apprend sur l’attitude de Montaigne à l’égard de l’architecture et de la peinture. Et ce qu’il découvre traduit un goût « qui pourrait peut-être aider à mieux comprendre la structure et le style des Essais. » (p. 96)

On voit ainsi comment Carlo Ginzburg procède. Et on voit aussi combien il serait vain d’en attendre des informations directes et précises sur la signification des propos de Montaigne. Comme il n’hésite pas à l’écrire, « le parcours tortueux suivi jusqu’ici me semble plus important que le point d’arrivée. » (p. 103) Car à la suite d’une sorte de lente imprégnation – qui réclame bien sûr la lecture exhaustive du travail de Ginzburg –, les enceintes mentales au moyen desquelles on relit ensuite Montaigne ont changé. Et on se surprend à abandonner des voies d’interprétation faciles, celles qui font immédiatement plaisir, pour des hypothèses plus contextualisées, plus riches du passé proche de Montaigne lui-même.

De la même façon, Ginzburg part de l’idée, défendue par Antoine Compagnon, selon laquelle Montaigne se serait inspiré d’Aulu-Gelle et de ses Nuits attiques (13) pour le choix notamment de la structure et des sous-titres des Essais. Et sa déambulation nous emmène entre autres à revisiter le Palazzo Te de Mantoue dont la construction et les matériaux témoignent d’un souci des rapports qui entrelacent la nature et les artifices.

Ou bien encore, partant de la comparaison que Montaigne fait entre son livre et « une marqueterie mal jointe » (14), Ginzburg réexamine en quoi cela tranche avec les avis que Galilée a émis sur l’Arioste et sur le Tasse. Ce qui le conduit à évoquer la culture maniériste dont parle Panofsky (15) à propos des deux poètes italiens et le parallèle qu’on peut peut-être établir avec Montaigne. L’enjeu de tout cela, c’est de tenter de comprendre pourquoi Montaigne a fait l’effort de comprendre les indigènes du Brésil. Et, selon Ginzburg, dans cette quête, il ne faut pas négliger le goût : « Le goût est un filtre dont les implications ne sont pas seulement esthétiques mais morales et cognitives. » (p. 104) Ce qui ne dispense pas de rester d’une très grande prudence, particulièrement lorsque des catégories telles le goût et le style risquent fort d’être comprises dans le sens qu’on leur donne aujourd’hui.
« Le goût pour l’exotique et la passion du collectionneur poussèrent Montaigne à inclure dans son essai sur les cannibales la traduction de deux chants brésiliens, accompagnée d’une appréciation chaleureuse. Certains ont voulu voir en Montaigne le fondateur de l’anthropologie : le premier qui aurait tenté de se soustraire aux déformations ethnocentriques qui ne manquent pas d’accompagner notre rapport à l’"Autre". De cette manière, nous imposons notre langage à Montaigne. Essayons plutôt d’apprendre quelque chose de lui, en essayant de parler son langage. » (p. 110)

Personnellement, ce qui me séduit chez Carlo Ginzburg, c’est sa manière bien à lui de traiter d’un auteur en tournant autour. Il est si vrai que pour comprendre, il faut explorer tout ce qui gravite autour de lui, tout ce qui l’environne, tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, le plus souvent à son insu, forge ses inclinations et détermine ses choix. Sainte-Beuve avait raison et Proust avait tort : il n’y a pas d’œuvre que l’on puisse approfondir dans l’ignorance du contexte qui l’a vu naître.

(1) Il a parlé du livre auquel appartient le chapitre que traite la présente note alors qu’il était l’invité de Roger Chartier dans le numéro du 1er novembre 2010 de l’émission Les lundis de l’histoire sur France Culture.
(2) Carlo Ginzburg, Le fil et les traces. Vrai faux fictif (éd. orig. chez Feltrinelli, Milan, 2006), trad. de Martin Rueff, Éd. Verdier, Lagrasse, 2010, pp. 81- 116.
(3) Géralde Nakam, Montaigne et son temps. Les événements et les Essais. L’histoire, la vie, le livre, (1ère éd.1982, chez Nizet) Gallimard, Tel, 1993.
(4) Est-il besoin de dire qu’il est audacieux de mettre dans le même panier des auteurs aussi différents que Wittgenstein, Heidegger, Derrida, Rorty (qui sais-je encore ?), sans parler des sociologues et des historiens qui ont de leur côté porté le fer dans les derniers présupposés cachés de la recherche rigoureuse ? Voilà certainement une forme de généralisation que Carlo Ginzburg n’apprécierait pas.
(5) Carlo Ginzburg, « Peur, révérence, terreur. Lire Hobbes aujourd’hui », trad. de Martin Rueff, revue MethIS. Méthodes et interdisciplinarité en sciences humaines (Cefal-Éd. de l’Université de Liège), numéro 2, 2009, p. 23.
(6) Martin Rueff est maître de conférences à l’Université Paris VII – Diderot et il enseigne à l’Université de Bologne. Connu pour son rôle dans l’édition française des œuvres de Cesare Pavese, il a également collaboré à celle des œuvres de Claude Lévi-Strauss à la Bibliothèque de La Pléiade.
(7) Carlo Ginzburg, « Réflexions sur une hypothèse », Mythes emblèmes traces. Morphologie et histoire, Verdier, Lagrasse, 2010, pp. 359-360. Je ne fournis ici que cette référence liée à une citation dans la citation ; les autres références fournies en note par Martin Rueff ont été omises.
(8) Martin Rueff, « L’historien et les noms propres » in la revue Critique, juin-juillet 2011, n° 769-770, pp. 529-531.
(9) Montaigne, Les essais, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 2007, pp. 208-221. Dans l’édition de 1962 des Œuvres complètes de Montaigne de La Pléiade, comme dans certaines autres éditions, le chapitre « Des cannibales » est le XXXIe du Livre I et non le XXXe. C’est que le chapitre XIV « Que le goust des biens et des maux despend en bonne partie de l’opinion que nous en avons » a été déplacé pour en faire le chapitre XL du même Livre I. Michel Magnien et Catherine Magnien-Simonin s’expliquent sur ce déplacement dans la notice du chapitre déplacé, pp. 1450-1451.
(10) Montaigne, op. cit., p. 211.
(11) Montaigne, op. cit., p. 216.
(12) Montaigne, op. cit., p. 518-519 : « Qui ne sçait combien est imperceptible le voisinage d'entre la folie avec les gaillardes elevations d'une esprit libre ; et les effects d'une vertu supreme et extraordinaire ? Platon dit les melancholiques plus disciplinables et excellents : aussi n'en est-il point qui ayent tant de propension à la folie. Infinis esprits se treuvent ruinez par leur propre force et soupplesse. Quel sault vient de prendre de sa propre agitation et allegresse, l'un des plus judicieux, ingenieux et plus formés à l'air de cet antique et pure poësie, qu'autre poëte Italien n'aye de long temps esté ? N'a-il pas dequoy sçavoir gré à cette sienne vivacité meurtriere ? à cette clarté qui l'a aveuglé ? à cette exacte, et tendue apprehension de la raison, qui l'a mis sans raison ? à la curieuse et laborieuse queste des sciences, qui l'a conduit à la bestise ? à cette rare aptitude aux exercices de l'ame, qui l'a rendu sans exercice et sans ame ? J'eus plus de despit encore que de compassion, de le voir à Ferrare en si piteux estat survivant à soy-mesmes, mescognoissant et soy et ses ouvrages ; lesquels sans son sçeu, et toutesfois à sa veuë, on a mis en lumiere incorrigez et informes. » Le poète italien dont il parle est bien le Tasse, qui fut enfermé entre 1579 et 1586 à Ferrare à la suite d’un esclandre motivé par son délire de persécution (cf. Ibid., p. 1583, note 3 de la page 518).
(13) Les Nuits attiques peuvent être lues à l’adresse Internet suivante : http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Nuits_attiques/Livre_I.
(14) Montaigne, op. cit., p. 1008.
(15) Cf. Erwin Panofsky, « Galilée, critique d’art » (publié originairement en 1954), revue Actes de la recherche en sciences sociales n° 66-67, 1987, avec une présentation de Nathalie Heinich, laquelle a également préfacé la réédition en 1993 de cet essai (attribué alors conjointement à Panofsky et à Koyré) par les éditions Impressions nouvelles à Bruxelles.

Autres notes sur Montaigne :
Le chapitre "Des Boyteux" des Essais
Le chapitre « Des coches » des Essais
Le chapitre « De la liberté de conscience » des Essais
Les chapitres « Des vaines subtilités » et « De l’art de conférer » des Essais
Le chapitre « De l’aage » des Essais
Montaigne. Des règles pour l’esprit de Bernard Sève
Le chapitre « De mesnager sa volonté » des Essais
Montaigne et son temps de Géralde Nakam
Le chapitre « Des mauvais moyens employez à bonne fin » des Essais
Le chapitre « De trois bonnes femmes » des Essais
Montaigne de Stefan Zweig
« Témoin de soi-même ? Montaigne et l’écriture de soi » de Bernard Sève
Le chapitre « De ne contrefaire le malade » des Essais
Le chapitre “Sur des vers de Virgile” des Essais
Le chapitre “Sur la solitude” des Essais
Le chapitre “De juger de la mort d’autruy” des Essais
Le chapitre “De l’utile et de l’honneste” des Essais
Le chapitre “Sur la physionomie” des Essais
De Montaigne à Montaigne de Lévi-Strauss
Le chapitre “Nos affections s’emportent au delà de nous” des Essais
Le chapitre “Apologie de Raimond de Sebonde” des Essais de Montaigne
Le chapitre “Sur la ressemblance des enfants avec leurs pères” des Essais

9 commentaires:

  1. Etre occupé contre son gré à des tâches administratives, que l'on contrecarre le week end avec du divertissement, puis revenir a des choses essentielles... comme les notes de lecture de Jean Jadin. Merci encore pour celle ci. Quand je ne peux retourner directement à ma table de travail, j'ouvre votre blog en guise de transition, puis repasse à l'ouvrage.

    Que la fréquentation de ce blog soit si réduite montre bien le peu de cas que l'air du temps fait des sciences sociales... alors même que celles ci sondent précisémment cet "air du temps"...

    J'ai été intéressé par vos notes sur les derniers textes de Levi-Strauss, textes que j'avais lu avant qu'ils ne soient rassemblés dans le volume que vous commentez. Peut-être aurais-je le temps d'y revenir in situ dans le courant de l'été...

    A propos de cette note. L'un de nos professeurs d'anthropologie nous disait que tout anthropologue se devait de lire le travail de l'historien Ginzburg. Il voyait une convergence entre la microhistoire et l'ethnographie (du contemporain, donc). Dans la même lignée il nous faisait l'éloge du "Montaillou" de Leroy-Ladurie.

    Il relevait plus précisémment un point commun entre le souci du détail de l'ethnographe (la "thick" description de Geertz) et celui du microhistorien, travaillant à partir de journaux intimes et autres données circonscrites.

    Je pense aussi que c'est la capacité d'un anthropologue/ethnologue/ethnographe à multiplier le détail qui lui permet de cerner mieux qu'un politologue, un sociologue généraliste ou un journaliste, la société étudiée, le milieu sous investigation.

    Je jeterai donc un oeil attentif à la manière dont Ginzburg lit mon illustre voisin périgourdin Michel de Montaigne.

    Cordialement

    PS: Il serait fort utile de disposer au pied de vos notes, de liens qui renvoient à vos précédentes notes traitant des mêmes auteurs (ici Montaigne).
    On doit pouvoir le faire grace au système des "tags"...

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  2. Votre fidélité, cher Cédric, me touche.
    La référence que vous faites à Clifford Geertz m’intéresse beaucoup, car – je le connais malheureusement très mal – ses préoccupations méthodologiques me semblent effectivement pouvoir être à certains égards comparées avec ce que fait Ginzburg. Sans doute davantage que le Montaillou d’Emmanuel Leroy Ladurie (que je connais bien) qui, selon moi, relève principalement d’une démarche monographique au cours de laquelle, bien plus que de récolter des empreintes de quoi que ce soit d’autre, il s’agissait d’éclairer par l’exemple la répression des cathares. En exagérant bien sûr, je dirais que Leroy Ladurie avait l’ambition de nous faire vivre à Montaillou, idée que Ginzburg doit trouver assez folle.
    Si vous connaissez bien Geertz (il a travaillé au Maroc), peut-être pourriez-vous m’en apprendre davantage à son sujet et au sujet de sa théorie de la description dense, par exemple en me renvoyant plus particulièrement vers l’un ou l’autre de ses livres.
    Merci pour votre commentaire.

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  3. Monsieur Cédric affirme que la fréquentation de votre blog est réduite. Comment peut-on être informé de ce genre de choses ? Je viens volontiers sur ce blog et, en dehors du nombre de personnes qui a consulté votre profil, je ne vois pas de quelle manière on peut mesurer son manque de succès.

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  4. La fréquentation du blog est assez réduite, c’est vrai, mais j’ignore comment le lecteur peut s’en faire une idée. Par contre, je dispose personnellement de statistiques (via Google Analytics) qui me permettent de satisfaire votre curiosité. Depuis le 10 février 2010, date de la mise en œuvre de ces statistiques, le blog a reçu 23.210 visites de 15.872 visiteurs de 122 pays différents, 58.245 pages ont été affichées et le temps total d’affichage de pages du blog a été de 844 heures et 49 minutes. Ai-je besoin de vous dire que tout cela ne fournit aucune indication sur la lecture proprement dite des notes ? Devant une page chargée, il n’est pas interdit de dormir ou de rêvasser… Ces chiffres n’ont en fait guère d’intérêt, d’autant que l’attractivité n’est pas de mes soucis.

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  5. @ Anonyme: Les chiffres qu'indique Mr Jadin à la suite de votre commentaire sont tout de même assez satisfaisant, pour un blog "spécialisé" comme le sien, et vous donne en partie raison.

    Simplement mon étalon sont des blogs où l'on trouve un nombre plus important d'échanges (je reveindrai sur cette notion en fin de commentaire), indiquant par conséquent un nombre encore plus accru de visites. Ce commentaire un peu agacé de ma part, il est vrai, est suscité par les multiples exemples de blog au contenu piètre voire vide, qui suscitent un nombre bien plus considérable de visites et de commentaires.

    Ma conception je l'avoue est toute personnelle et peut être un brin excessive mais elle est la suivante: pour moi un blog qui contient un travail conséquent comme celui ci est destiné à recevoir bien plus de visites et SURTOUT de commentaires, notamment de tout étudiant, doctorant, post-doctorant et professeur du champs des sciences humaines et sociales. Avec un pourcentage infime de ce seul "stock", les chiffres qu'indique Mr Jadin (qui me surprennent toutefois, je l'avoue) seraient bien plus important.

    En outre, toute lecture attentive d'une note dont on a le sentiment de ressortir en ayant augmenté ses connaissances devrait de mon petit point de vue, conduire en guise de reconnaissance à déposer un commentaire -fut-il bref- indiquant ce que l'on y a relevé, ce que l'on aimerait éclaircir ect...

    Il en va de la logique du don-contre-don cher à Maurice Godelier, particulièrement celui qui est le plus cher, c à d celui qui ne relève pas d'une logique matérielle, mais plutôt de l'échange symbolique (ici la connaissance). Si non on est dans la logique du self service... et encore dans ce cas là le "self serveur" passe à la caisse à la fin...

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  6. A propos de Geertz -et maintenant que je viens de faire l'apologie du don-contre-don symbolique- il existe une traduction de son intro à "thick descrpition" dans la revue Enquête n° 6, 1998, pp. 73-105, qui n'a malheureusement duré que 7 numéros. Néanmoins grâce au travail de mise en ligne de "revue.org, vous pouvez retrouver l'article sur le lien suivant: http://enquete.revues.org/document1443.html

    Voilà pour une premier avant-goût, sachant que le texte d'origine date de 1973 et que la théorie interprétative de la culture selon Geertz a quelque peu avancée dans les années qui ont suivi...

    Maintenant pour les critères et les exemples de l'enquête ethnographique, je regarde à titre personnel plutôt du coté d'une revue comme Ethnography http://eth.sagepub.com/ ainsi que du coté de l'ethnométhodologie dont l'un des passeurs-théoriciens-praticiens en France et en Belgique est Baudouin Dupret par exemple...

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  7. Au sujet de la fréquentation des blogs, cher Cédric, votre conception des choses me plaît beaucoup. Mais il ne faudrait pas exagérer la valeur de mes notes : bien des blogs sont d’une meilleure qualité, tant dans le domaine de la littérature que dans celui des sciences sociales ou dans celui de la philosophie. Or, je dois vous avouer que j’y laisse rarement un commentaire. L’exercice de commenter les autres est à bien des égards plus malaisé que de s’exprimer sur des sujets choisis sans contrainte.
    Merci pour les pistes que vous m’ouvrez à propos de Clifford Geertz. Quant à l’ethnométhodologie et Baudoin Dupret, nous avons déjà eu l’occasion de les évoquer.
    Merci aussi pour votre intérêt soutenu.

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  8. Petite correction qui réduit encore l’évaluation de la fréquentation du blog : les statistiques livrées ci-dessus concernent la période débutant le 10 février 2009 et non le 10 février 2010, comme indiqué par erreur.

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  9. Bonjour,
    En ligne sur mon blog, une fiche de lecture consacrée à l'ouvrage de Carlo Ginzburg Le juge et l'historien : http://100fichesdelecture.blogspot.fr/2015/05/carlo-ginzburg-le-juge-et-lhistorien.html

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