vendredi 10 juillet 2009

Note de lecture : Alain

Histoire de mes pensées
d’Alain


Je n’avais jamais lu l’Histoire de mes pensées d’Alain (1). Pourtant, dans une seconde partie de ma vie, j’ai éprouvé beaucoup d’admiration et d’intérêt pour l’auteur des Propos (2). Dans une première partie, sans bien le connaître, j’ai sottement partagé ce sentiment de léger mépris que l’on cultivait alors à son encontre, en le prenant pour un auteur naïf et bien-pensant.

L’Histoire de mes pensées est un livre qui présente l’énorme intérêt d’éclairer toute l’œuvre d’Alain, et notamment ce qu’elle peut avoir d’énigmatique. Mais l’énigme se déplace ; elle ne disparaît pas. Alain considère cet ouvrage comme une sorte de longue préface à un autre de ses livres, Les Dieux (que je n’ai pas lu).

Je pense qu’avant même de rendre compte des idées-forces d’Alain, il convient de tenir compte de ce que j’appellerai deux préalables, à savoir une certaine manière de lire et une certaine manière d’écrire qui lui sont propres.


Une manière de lire, d’abord.

En quoi consiste-t-elle ? Quatre extraits – comment en l’occurrence éviter les extraits ? – la feront comprendre :
« On voit comment j’entends que longtemps avant de pouvoir critiquer, il faut passer des années à comprendre. Et dans le cas qui nous occupe il apparaît clairement que dès que l’on a bien compris, il n’y a plus rien à critiquer. » (p. 84) « Au reste, quand je recommence à être disciple et à ne pas voir loin, ce n’est jamais comédie ; il faut toujours que je recommence ; et c’est pourquoi je n’arrive jamais au point de critiquer ; je sais bien par expérience que c’est toujours trop tôt de critiquer. Et au reste ceux qui critiquent, l’auteur fond en leurs mains, même Platon ; surtout Platon, qui a bien su se garder des critiques. Mais tous les auteurs se défendent plus ou moins, et naturellement aux dépens du lecteur pressé. » (pp. 94-95) « On voit par cet exemple comment l’attention redoublée et encore redoublée, qui s’attache religieusement au texte, finit par tirer un auteur hors de lui-même ; ce qui ferait dire qu’on l’invente ; mais j’ai observé cent fois qu’au moment même où l’on croit s’envoler au-dessus des textes, la page suivante fait écho à ce qu’on disait. Ce jeu du commentateur suppose une lecture dix fois recommencée ; et, après avoir remarqué qu’on ne relit guère les extraits que l’on a faits la plume à la main, j’ai fini par savoir qu’il vaut mieux ne rien noter, et ne pas même chercher à retenir, mais plutôt se rendre familier le livre, jusqu’à trouver sans hésitation n’importe quel passage auquel on pense. Ce n’est que culture. Car quel est le barbare qui ferait d’abord des extraits et ne relirait ensuite que cela ? Ce barbare est dans l’homme je le sais bien. Le tout est d’apprendre à lire. » (p. 122) (3) « Rousseau a bien su qu’il faut lire les bons auteurs sans jamais leur faire objection. J’ai trouvé plus ; j’ai trouvé qu’il ne faut pas tant s’efforcer de les comprendre, que d’être bien familier avec ce qu’ils disent ; et cette méthode de lire permet aussi le repos du jugement, qui s’exerce alors par éclairs, pour se retirer aussitôt dans une sorte de sommeil. » (p. 198)

Il y a quelque chose de profondément exact dans ce que dit là Alain : tout auteur mérite d’être approfondi, suffisamment en tous cas pour que soient évitées les critiques hâtives et mal fondées. Mais, si l’on pousse sa logique trop loin, le risque existe de basculer dans une sorte d’acceptation tacite qui annihile définitivement tout esprit critique. De même, si l’on n’accepte pas de juger sans bien savoir, on se condamne à tout lire, donc d’une certaine manière à ne rien lire.

Si j’évoque ces difficultés, c’est que je ne suis pas certain qu’Alain les aient évitées. Sa manière de lire, il l’applique à quelques auteurs soigneusement sélectionnés : Platon, Descartes, Kant, Hegel et Comte, principalement (4). Or, qu’est-ce qui a présidé à ce choix, un peu hétéroclite. Nous n’en savons trop rien. Un ami, bien meilleur connaisseur d’Alain que moi, répondait à cette question en évoquant les auteurs figurant au programme de l’enseignement qu’Alain a prodigué. Cette sorte d’entêtement à tout puiser chez des auteurs dont le choix ne semble pas avoir été le résultat d’une démarche comparative et qu’Alain s’est en quelque sorte contraint à éplucher continûment n’est sans doute pas sans conséquence sur certaines de ses idées-forces.

Une question se pose, bien sûr : faut-il appliquer à Alain la manière de lire qu’il recommande d’utiliser à l’égard des philosophes qu’il affectionne ? Ce qui m’amène à sa manière d’écrire.

Une étrange manière d’écrire, ensuite.

Si l’on s’applique donc à lire Alain selon sa méthode, une chose frappe immédiatement : c’est que le procédé des lectures répétées s’impose, car il use d’un style – et c’est même plus qu’un style – assez déroutant, qui offre de sa pensée davantage à deviner qu’à acter. Au point qu’une part importante de sa conception des choses est inscrite dans cette manière assez énigmatique de s’exprimer. Combien de fois ne bute-t-on pas sur une phrase dont on ne peut pas vraiment déterminer le sens précis !

Le mieux est bien sûr d’en donner un exemple. Le choisir m’a semblé très malaisé, tant cette manière d’écrire est constante. Voici la façon dont il commence le chapitre intitulé « Sentiments », un chapitre qui, tant pas sa longueur que par son style, ressemble assez à beaucoup de ses Propos ; la dernière phrase reproduite explique un peu mon choix.
« J’examinais donc premièrement l’amour. Et je remarquais d’abord que l’amour sans liberté n’est pas l’amour. Sans liberté, j’entends qui ne se croit pas libre, et qui ne croit pas non plus l’autre libre. Cette misanthropie essentielle a fourni le titre d’une comédie fameuse, qui en effet est un drame d’amour. Les ressorts paraissent. La passion s’élève et retombe. Elle ne peut se tenir en aucun de ses degrés ; il faut qu’elle tombe si elle ne remonte. Alceste le généreux veut se savoir libre et ne peut ; il veut que Célimène soit libre, et ne peut. Ici le lecteur bondit plus vite que moi, car ce thème est celui de toute sa vie. Pour moi, toujours intéressé par les extrêmes bords, je me demande ce qu’on pourrait penser d’un Alceste qui ne se soucierait point d’être libre, ni d’aimer un être libre, ni d’être aimé, ni de plaire, ni de respecter, et qui prendrait ou laisserait l’amante comme on prend et on laisse un chat. Cette expression est de Balzac, et sa Florine, à laquelle il l’applique, n’est pas loin de l’enfer tout noir. Elle se sauve pourtant par un genre de générosité. Mais poussez l’analyse jusqu’au commerce des femmes ; nous y sommes presque. Il se trouve par là des abîmes de sommeil, sans amour aucun. Si l’amour y naît, il s’affranchit et affranchit. Cette trajectoire ne s’élève pas haut parce que la foi manque, ou plutôt cède au premier soupçon. Alceste non plus ne peut s’élever bien haut ; on dira que c’est par l’indignité évidente de Célimène. Non, car cela supprimerait tout problème. Je crois plutôt que Célimène, diaboliquement libre, ce qui est divinement, ne veut point du tout être parfaite comme Alceste la voudrait. C’est là que l’amour d’Alceste se rallume. Quoi ? Il faudrait aimer assez pour rendre à chaque instant Célimène à elle-même et soi à soi. Soi à soi, cela veut dire monastère ; et les hommes comme les femmes ont fait des monastères. Et c’est bien faible d’expliquer le monastère par la superstition. Le monastère est le lieu où l’on est libre d’aimer et où l’on est plus en état de forcer. J’ai beaucoup jeté de ces analyses dans les Propos écrits depuis la guerre. L’obscurité n’est point dans ces analyses elles-mêmes, qui ne font pas de doute, mais plutôt dans le lien entre ces conséquences et d’autres idées plus cachées. […] » (pp. 269-270)

Qu’il y ait des idées cachées, c’est indéniable. Cachées dans la vie, cachées aussi dans le texte d’Alain, quoi qu’il en dise. Il y a dans son style, quelque chose d’une poésie en prose. Et l’on est sans cesse en train d’osciller entre « Qu’il y a du vrai dans tout ça ! » et « Que veut-il dire au juste ? ». Alors on relit, on relit, ce qui devrait le faire jubiler, s’il savait.

Il faut admettre qu’il explique assez clairement, à l’occasion, cette attirance pour l’obscurité.
« Lagneau m’avait rendu vénérable son Clarum per obscurius ; aussi en un certain sens je dédaignais d’être clair. » (p. 247)
Et, évoquant son cher Hegel et sa conception de l’Esprit :
« Je comprenais que le progrès à travers les arts, les dieux et les philosophies était à refaire à chaque essai de conscience, et que, par cette traversée ou remontée de bas en haut, nos pensées réelles se distinguaient de nos pensées apprises. C’est d’après cette vue que je pouvais prendre l’obscurité comme une méthode d’éveiller l’esprit. Et encore maintenant, et pour moi-même, je tiens beaucoup à rester d’abord sur le point d’obscurité, et même à m’assurer de lui, si je puis dire, par la méthode des transformations aveugles, qui explorent tous les côtés de l’obscur. On explique toujours trop tôt, et on perd alors quelque chose qui est infiniment plus précieux que tout résultat, c’est l’élan et la foi. Car une certaine obscurité qui nous touche, qui nous est parente, promet absolument, et par ce que nous nommons beauté, des pensées dont nous pourrons juger ; au lieu que la clarté prématurée rend presque stupide, par le sentiment que nous avons alors de ne point penser avec nous-mêmes ; et plus d’une fois ce sentiment m’a poussé à un parler trop rapide et d’ailleurs exténuant. » (p. 248)

Il y a quelque chose de presque mallarméen dans cette façon de réclamer l’obscurité. Ici aussi, comme pour sa manière de lire, je suis porté à reconnaître un certain bien-fondé dans son point de vue, mais je crains que l’attachement opiniâtre qu’il lui voue ne le conduise quelquefois à un système, voire à une obscurité stérile.

Venons-en aux idées-forces.

Il me semble que la première de toutes, celle qui détermine les autres, c’est sa conception de la volonté.
« Je n’ai pas cessé de mieux comprendre, à travers toutes mes expériences (la guerre ne fut pas la moins instructive) que la faute des fautes est de s’accepter soi-même comme une machine qui ne peut être autre. » (pp. 165-166)
« […]environné toujours d’ironie, et n’ayant trouvé, parmi les esprits ambitieux, que des railleurs attendant que je perdisse courage, je n’ai jamais manqué de reprendre souffle à leur contact, et d’exprimer d’abord un courage d’esprit tout nu. C’est ce qui fait que l’homme le plus savant et le plus important, dès que je l’ai surpris à m’ôter courage, s’est trouvé aussitôt effacé de mes pensées. Je ne reviens jamais sur ce jugement-là. » (pp. 154-155)
« Il fallait promptement s’enfuir de ses premières pensées, et prendre parti. J’ai su depuis qu’en prenant parti on retrouve tout ce qu’on avait laissé. » (pp. 14-15)
Tout est dit : même si la liberté est une illusion, c’est une illusion nécessaire, inévitable même, et sur laquelle il faut arc-bouter son esprit. Il faut donc croire en ce qu’on veut, et agir tel qu’on le veut. Il en découle une véritable aversion envers tout ce qui ressemble à du déterminisme ou à du scepticisme.

« Dès que l’on voit paraître l’invincible Pyrrhon, on sent bien qu’il faut passer outre, et juger au lieu de disputer. » (p. 235) (5)
Apparaît là une deuxième idée-force : il ne sert à rien de débattre et d’argumenter.
« J’ai toujours méprisé les solutions, et j’ai fini par savoir pourquoi. Toujours est-il que les problèmes à objections et solutions me jetaient dans le vide. Je me trouvais en présence de combinaisons toutes vraisemblables et toutes instables, qui m’ont toujours inspiré la plus grande défiance. Je hais presque autant l’argument que la réfutation. Je ne me plais qu’à un genre d’obscurité que je connais bien, qui n’est point vide ni creuse, mais pleine au contraire, et à laquelle je viens buter et encore buter, nullement impatient de la percer, et au contraire tranquille et assuré de ne point la percer. » (p. 21-22)
« […]j’ai pris l’habitude de ne jamais donner les raisons d’un refus. J’ai compris depuis que refuser en donnant des raisons ce n’est point refuser. » (p. 23)
« Il faut finir cette ardeur d’argumenter, qui ne dure peut-être que par l’ample carrière qu’elle offre aux bavards. » (p. 297)
Ici, un commentaire s’impose. On voit bien d’où vient cette étrange attitude, étrange dans ce qu’elle a d’irréfragable. C’est Descartes, bien sûr, qui lui inspire ce refus de l’argumentation. Dans la mesure où l’argument est le soutien du vraisemblable et non du certain, l’inventeur du cogito ne peut que le mépriser. (6)

On peut alors se poser une nouvelle question ? Sur quoi fonder son agir, puisque c’est bien d’agir qu’il s’agit ? Troisième idée-force : une forme assez particulière de pragmatisme.
« Car ce n’est pas parce que le Pragmatisme est le vrai qu’on est réduit à croire ce qui fait besoin à notre esprit ; mais au contraire, ce qu’il y a de vrai dans le Pragmatisme, c’est la foi première, qui en fondant toutes nos connaissances, condamne enfin comme mauvaise ruse tout le reste du Pragmatisme. » (pp. 116-117)
Que faut-il comprendre ? Sans doute que ce n’est pas par l’utilité que son propre pragmatisme s’explique (7) , mais plutôt par la croyance en la volonté.
« L’esprit ne doit pas être le moyen du vrai. Et puisque l’esprit est libre, ou, mieux, se veut libre et se décrète libre, la règle de penser comme il faut est de penser comme on veut. » (p. 167)
Voilà qui conduit Alain à des prises de position étonnantes. Ainsi :
« Je vis paraître comme une ombre inquiétante la Relativité, qui depuis a enivré les savants et les philosophes. Je ne crus pourtant jamais qu’il y eût d’autre espace que l’Euclidien, ni que l’espace pût être courbe ou droit, ni que le temps fût seulement une quatrième dimension de l’espace. Non, je tins ferme, ayant pris position dans Kant, que je commençais à bien connaître, et que mes disputeurs ne soupçonnaient seulement pas. » (p. 90)
Passe encore ! Mais ceci :
« Aussi faut-il revenir à la terre, à la nécessité inférieure, à l’expérience du moment, et retremper là les grands outils idéologiques. Et je crois que Lénine et Trotsky ne l’ont pas mal fait, sauvant leur politique de moment en moment ; et Staline, autant qu’on peut savoir, ne les continue pas mal, comme on peut deviner d’après sa politique agraire, si étonnamment adaptée aux difficultés. » (p. 251) (8)

Il y a certes encore d’autres idées-forces chez Alain. Mais il me paraît qu’elles se rattachent toutes à celles que je viens de qualifier comme les trois premières. Ce qu’il y a de curieux, c’est qu’il est malaisé de ne pas admettre que chacune d’elles comprend une part importante de vérité. Qui peut prétendre que la vie ne doive pas s’affronter avec courage et que la volonté n’en est donc pas le premier ressort ? Qui peut nier que bien des polémiques entretiennent des divergences oiseuses qui masquent des rapports de force et des questions de pouvoir ? Qui peut renoncer facilement à l’idée que ses propres jugements ont une valeur en eux-mêmes ? Mais c’est l’espèce de jusqu’au-boutisme d’Alain qui trouble, d’autant qu’il est souvent intermittent et que d’apparentes contradictions fourmillent dans son œuvre, un peu comme on en trouve chez Montaigne. Ainsi, à propos du scepticisme qu’il prise si peu, il écrit pourtant ceci :
« Lagneau, qui se voulait respectueux de l’ordre, disait pourtant un jour d’hiver, et après tant de ténèbres brassées, disait pourtant qu’une pensée absolument prouvée, et qui occuperait l’esprit pas sa force, et comme par son événement, ne serait plus une pensée, mais bien une chose ; et l’esprit qui la recevrait, chose aussi. En ce sens, disait-il un autre jour, le scepticisme est le vrai. C’est parce qu’on peut à la rigueur douter de tout qu’il y a du vrai. Cette pensée éclaire l’histoire des pensées humaines. Car, dans le fait, il n’y eut guère de plus fermes penseurs que les sceptiques. Ils se tenaient là comme sur une précieuse conquête, et ils avaient raison s’ils se tenaient libres, et tort s’ils serraient leur doctrine comme font les chiens. Montaigne, par le goût exquis d’être un homme, n’est point gêné par son doute, mais plutôt éclairé ; nul ne juge plus hardiment et plus fermement du courage, de la tempérance, de la justice, et de la sagesse même. » (pp. 168-169)

Après tout, la devise d’Alain fut « Obéir et résister », ce qui n’est paradoxal que pour celui qui ne veut pas comprendre.

Et si l’on veut comprendre Alain, il faut le relire.

(1) Alain, Histoire de mes pensées, Gallimard, 1936.
(2) Alain, Propos, texte établi par Maurice Savin, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 1956, et Alain, Propos II, texte établi par Samuel S.de Sacy, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 1970.
(3) Je suis à cet égard un peu barbare. Si même je ne puis qu’approuver Alain et sa mise en garde à l’égard des extraits, je dois confesser que – bien loin de trouver sans hésitation un passage auquel je pense d’une œuvre qui m’est familière – je m’épuise souvent sans succès en me fiant à des souvenirs incertains. L’œuvre m’est-elle insuffisamment familière ? Je ne le crois pas, mais je n’ai sans doute pas la mémoire d’Alain. Il ne me reste qu’une ressource, c’est relire en entier, ce qu’il m’arrive de faire.
(4) Auxquels il faut certainement ajouter des romanciers et poètes comme Balzac, Hugo ou Valéry.
(5) On comprend mieux le sens qu’il convient d’accorder à son Propos sur Pyrrhon du 11 juin 1922 (Propos, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 1956, pp. 411-413).
(6) Soit dit en passant, Alain se laisse si bien imprégner par la pensée de Descartes qu’il partage avec lui cette idée d’une rupture d’essence entre l’homme et l’animal. « […]je n’ai jamais vu que l’animal approchât le moins du monde de l’homme le plus vil. » (p. 276) Voilà une idée que je ne partage absolument pas.
(7) Je doute qu’Alain ait lu William James, mais c’est bien ce pragmatisme-là qu’il qualifie de « mauvaise ruse ».
(8) L’Histoire de mes pensées a été écrite entre juillet et septembre 1935 ; est-ce vraiment là « autant qu’on peut savoir » de Staline à ce moment ?

3 commentaires:

  1. Comment pouvez-vous faire évoluer votre pensée en écrivant des idées pour écrire des idées ? Pourquoi toujours enfermer votre pensée dans ces rédactions qui ne peuvent pas remplir ce rôle auquel vous tenez tant.
    Certes rechercher dans votre esprit de quoi rendre réelle votre idée vous aide davantage à la cerner mais l'afficher ici par de l'écriture ne fait que la maîtriser comme vous dites. Et j'entends par là, la rendre inutile. Vous devez la laisser partir, elle ne doit pas rester dans votre mémoire consciente et encore moins sur un document qui ne sert qu'à prouver son existence… C'est le seul moyen pour elle de revenir voir votre esprit quand son intuition aura besoin d'elle.
    La progression que vous recherchez ne réside pas dans la maîtrise de ce que vous pensez déjà, mais dans la découverte de pensées que vous n'avez pas encore. Ne perdez pas votre temps, il en faut déjà bien assez pour percer l'obscurité dont nous parle Alain.

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  2. Je ne suis pas sûr de bien comprendre votre commentaire, cher Anonyme. Même si l’obscurité est bien un des thèmes d’Alain, ce commentaire semble s’adresser davantage aux quelques mots que j’ai placés sous la question Qui êtes-vous ? de mon profil qu’à la note relative à ce dernier. Je ne suis pas sûr de bien comprendre, mais je suis très intéressé. Enfermer la pensée dans l’écriture ? Quid ? La maîtriser (autant que faire se peut) la rendrait inutile ?? Et puis surtout : « La progression que vous recherchez ne réside pas dans la maîtrise de ce que vous pensez déjà, mais dans la découverte de pensées que vous n’avez pas encore » ???
    Je vous l’avoue, à vous lire, je suis un peu pris de vertige. Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Sinon qu’il serait vain de penser ce qu’on pense, c’est-à-dire de réfléchir, au vrai sens du mot réfléchir. En fait, je crois discerner dans votre propos un éloge de l’action. Car seule l’action force les pensées à s’enfiler les unes derrière les autres. Mais n’est-il pas un temps pour réfléchir et un temps agir ? Sans que l’un empiète sur l’autre. Faute de quoi réfléchir ne serait que fléchir.
    J’aimerais que vous développiez votre propos. Et s’il vous fallait davantage de place que ne le permet un commentaire, je pourrais, si le développement est à la hauteur du débat entamé, l’accueillir dans une note. À cette fin, vous devriez me l’adresser par un courrier électronique. Ceci bien sûr, au cas où vous accepteriez de couler votre pensée dans l’écriture.
    En toute hypothèse, merci.

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  3. Cette note a été publiée dans le numéro 111-112 du Bulletin de l’Association des amis d’Alain de décembre 2011, pp. 65-74, numéro dont le sommaire figure à l’adresse Internet suivante : http://alinalia.free.fr/spip.php?article272 (les Bulletins peuvent être commandés à l'adresse suivante : institut.alain@wanadoo.fr).

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